En 2010, les femmes d’une communauté religieuse isolée se débattent pour réconcilier leur foi et la réalité de leur existence.
Ouais bon le pitch est plus aride que le film. Et pourtant, c'est déjà assez aride dans le concept: des nanas qui ont été violées et font plusieurs conciliabules dans une grange pour décider comment réagir.
Au début j'ai eu un mal fou à rentrer dans le film. Je sentais que ça allait être la séance de l'enfer, surtout que le film a, et gardera tout du long, une sorte de faux rythme inconfortable où tu ne sais pas trop où t'en es.
Et pourtant, au fur et à mesure, je suis entré dedans. J'ai d'abord été frappé par l'univers. S'inspirant d'une histoire vraie qui s'est passée en Bolivie, Polley créé un univers étrange, une Amérique incertaine (comme disait le Cow-Boy sur le synopsis officiel de VAMPYRUS), avec une communauté religieuse indéterminée. On sait qu'on est en 2010 grâce à un camion du recensement qui vient le clamer à un moment mais sinon c'est le netherworld géograpique et temporel - un mix WITNESS, LE VILLAGE, DAYS OF HEAVEN... Rarement a-t-on autant l'impression de découvrir un monde jamais vu au cinéma.
Ensuite, Polley, effrayée sans doute à l'idée d'ennuyer le spectateur, garde un certain dynamisme dans la mise en scène qui n'est pas pour me déplaire. Parfois ça va même presque trop loin (le faux suicide pour la blague avec son méga-mouvement de caméra) mais c'est cool. Et elle saupoudre le film de décrochages illustratifs surprenants, presque malickien par moment, du meilleur effet.
Pour un film de parole, ça réussit à rester sur la corde raide, assénant relativement peu son discours. Bon, il y a quand même des moments patauds, avec ce bon vieux questionnement NUIT DU 12-esque en mode "Mais je comprends pas pourquoi est-ce que ça cloche entre les hommes et les femmes ????" (take a wild guess). Et le personnage trans fait tâche par rapport au reste du récit (réplique cringe "Thank you for calling me by my name", pas aussi fine que le reste du film). Mais dans l'ensemble c'est franchement mature, délicat. Le film d'ailleurs évite les chausses-trappes trop facile en mode "La rELiGioN c Le MaL".
Et puis c'est bien joué. Sacré cast, belles transformations. D'ailleurs improbable que Florence Pugh ne soit pas dans le film, ça aurait été tellement un truc pour elle
Au final je retiens quelques moments marquants, des petites pépites d'émotion (notamment avec August). C'est un film qui ne se donne pas facilement au début mais qui "délivre" un bel impact.