Ah non, The Green Knight prend le parti de l'inversion totale d'un texte et de conventions assez similaires à ce qui sert de base à The Northman pour en faire quelque chose de très dans l'air du temps, vidé du sens originel, qui suit un personnage qui a tout d'un millenial caricatural : immature, dépassé, sans honneur ni talent, accidenté d'une péripétie à une autre qui le laisse chaque fois médusé, rongé par des préoccupations très modernes, voire post-modernes (càd "vaguement anxio-dépressif"). La source est prétexte à une déviation majeure (qu'on l'apprécie ou non). Ici, Amleth est Amleth.

The Northman est un bel exercice d'humilité de la part d'un cinéaste jusque là trop occupé à vouloir faire le malin, pour des résultats pas très heureux, et qui se plie avec grâce et rigueur aux exigences de conventions qui le dépassent. Première réussite en ce qui me concerne. Au vu de la partie centrale, je cracherai pas sur une adaptation de Robert E. Howard. Le talent est là. Enfin.

Pourtant, dès le début j'ai triqué (...)

Le premier plan m'a happé. Ce bourrinisme de la voix caverneuse qui renvoie direct à CONAN (et à DUNE): du caviar.

Cela me rappelle les critiques assassines contre Conan à l'époque d'une certaine presse.

et en même temps son kif de faire son film de viking selon les codes d'antan,.

Quatre 0 sur le tableau des Cahiers.

C'est quoi les codes d'antan du film de viking?

Plus je pense au film, plus je le trouve intéressant parce qu'au fond assez filou.

Cette incantation au début fait presque figure de programme: "Odin, hear me (me: Robert Eggers), summon the shadows of the past when the thread spinning norns (les scénarios de vengeance premier degré) ruled the fates of men (les personnages)".
Comme si Eggers invoquait un retour à un cinéma rétro et primal, avec un code d'honneur old school et douteux, où les personnages féminins de love interest ne venaient pas faire dévier les héros de leur but. Tout ça pour culminer dans ce dernier plan génialement premier degré de
Eggers a ainsi le beurre et l'argent du beurre: la caution artistique de questionner ces récits martiaux, et en même temps son kif de faire son film de viking selon les codes d'antan, sans concession au character development ou à l'adoucissement inhérent à la plupart des films de vengeance.