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Les passagers de la nuit (Mikhaël Hers, 2022)
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Auteur:  Vieux-Gontrand [ 12 Sep 2022, 11:10 ]
Sujet du message:  Re: Les passagers de la nuit (Mikhaël Hers, 2022)

Sinon la proximité avec Drive My Car, tant dans le récit que ma forme, me paraît très lointaine. Drive my Car est bien plus âpre. A la limite les personnages des deux jeunes filles se ressemblent un peu et ont ma même fonction (leur vécu permet de rentrer à froid, comme des techniciennes, dans le récit d'initiation) mais le traitement et le regard sont radicalement différents. Hamaguichi donne un passé a son personnage, l'enjeu du film est d'ailleurs de faire exister celui-ci hors-champ, quand Hers utilise le mystère du prénom pour évacuer le personnage de Tallulah (comme Elodie Bouchez dans l'eau froide). Hamaguichi charge d'ailleurs un peu la barque du pathos, d'où le côté finalement un peu mélo à la Sirk réactualisé. Dans le Hers le récit est plus léger, l'enjeu est plutôt de prouver l'innocence de toute une époque (les personnages, sociologiquement, déterminent notre présent sans savoir ce qu'ils font : divorce pénible mais en voie de banalisation, boboïsation accidentelle par le patrimoine immobilier, voyeurisme audiovisuel encore nimbée d'un vernis freudien etc...)

Auteur:  scienezma [ 12 Sep 2022, 12:03 ]
Sujet du message:  Re: Les passagers de la nuit (Mikhaël Hers, 2022)

Arnotte a écrit:
Lohmann a écrit:
Le dernier épisode de La Gêne occasionnée sur le dernier Hers (et une petite dizaine de minutes sur Il bucco), je souscrit bien évidemment à 100% à l'ensemble des reproches que Bégaudeau fait au film.

Pour le coup je le trouve assez à côté de la plaque, il reproche au film de ne pas être ce qu'il aurait voulu qu'il soit, ça nous fait une belle jambe..


On peut certes trouver cela un peu naïf, voire concon, mais il y a au moins un domaine dans lequel le consensus semble de mise pour Bégaudeau, c'est celui de l'amitié, pour ne pas dire celui des confrères : les deux critiques qu'il approuve sont celle d'un "pote" qui a bossé avec lui à Transfuge, puis la critique des Cahiers, revue dont il a fait partie...

Pour penser un peu avec le film (je dis pas que c'est un chef d'oeuvre, il y a en effet des choses par terrible) et non pas contre par principe comme Bégaudeau le gros malin (moi j'ai compris le cinéma de Hers, et le tout est dans tous les détails et tous les détails sont le tout), on pourrait dire que la question qu'il se pose devant le film n'est pas du tout la bonne. La question de Hers c'est de savoir s'il y a, dans le réel, des moments de "dépossession", où la matière comme Bégaudeau le dit (et il n'a que ce mot là à la bouche de façon presque obscène) est transcendée, voire évacuée, par l'instant présent. Et sa réponse c'est bien entendu "oui", et cela est visible dans la très belle scène où le garçon et Tallulah discutent de cinéma sur le rooftop. Elle commence à dire qu'elle aime le cinéma car cela lui permet de sortir d'elle-même ou de ne pas penser à elle-même qqch comme ça, puis d'un seul coup se rappelle qu'elle doit partir car elle a qqch à faire : elle s'était oubliée dans l'instant présent avec le garçon. A ce moment-là, dans cette superbe mise en abîme, Hers nous laisse percevoir que le réel est parsemé de ces moments d'abandon où l'espace, le temps, la matière, tout ce que vous voulez, disparaissent. Où l'être est dans un cocon par son ouverture paradoxale au monde. La scène à la sortie du film de Rohmer nous laisse deviner la même chose : ils se mettent à imiter le film, donc c'est bien que là-encore on veut s'évader du réel, prolonger le film, pour jouer des personnages de fiction (peut-être que Bégaudeau trouve cela puéril, même s'il passe son temps à jouer le clown dans ses podcasts). Donc la question à se poser à mon avis n'est pas celle de l'évacuation du réel par Hers dans ses films (par peur, par conformisme ou que sais-je) en roulant de gros yeux, mais de savoir si le réel lui-même n'offre pas de telles "échappées" et si Hers ne recherche pas justement dans ses films à figurer de tels instants.

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 12 Sep 2022, 16:16 ]
Sujet du message:  Re: Les passagers de la nuit (Mikhaël Hers, 2022)

scienezma a écrit:
. La scène à la sortie du film de Rohmer nous laisse deviner la même chose : ils se mettent à imiter le film, donc c'est bien que là-encore on veut s'évader du réel, prolonger le film, pour jouer des personnages de fiction.


Tu as dû flasher sur l'actrice qui joue la soeur car la scène dure 10 secondes maxi

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