1849. Kullmyrliden, nord de la Suède. Rongé par la misère et les dettes, Alexis met fin à ses jours. Ayant hypothéqué sa maison, il laisse sa femme et sa fille Tea à la merci d'Ol Karlsa, négociant du village. Génération après génération, la famille lutte pour subsister et payer le fermage, mais l'argent ne saurait satisfaire l'appétit dévorant du fils d'Ol Karlsa, Karl Orsa, pour les femmes de cette maison...
Un des derniers films de Widerberg, adapté d'un chef d'oeuvre de la littérature suédoise, et j'ai trouvé ça sublime. L'histoire pourrait prêter à un misérabilisme lourdaud, tellement les malheurs s'accumulent sur cette famille de "pauvres" mais le regard de Widerberg est décisif dans l'espoir et l'humanité qu'il imprime à l'écran. Mélodrame rythmé et plein de vie, ce qui est assez fascinant c'est le rôle de la superbe mise en scène tout en ellipses, au couteau, qui retranscrit de manière intense cette saga de cette famille qui s'enfonce littéralement dans la misère. C'est incarné, constamment à vif et on est pris de multiples fois par l'émotion.
Il y a de la douceur dans le cinéma de Widerberg. On l'a souvent désigné comme le chef de file de la nouvelle vague suédoise, mais cette référence française est trompeuse. A l'apparence très simple, remarquablement construit, c'est un cinéma unique qui vit et prend aux tripes. Le chemin du serpent est très noir en apparence, il y a des scènes très dures, mais par ci par là surgit des moments de pur bonheur qui touchent en plein coeur. Au milieu du malheur surgit l'espoir et c'est déchirant, même si il est fugace. Widerberg a un amour de ses personnages et de ses acteurs, mention pour Stina Ekblad apparue chez Bergman et qui est ici magnifique. Widerberg c'est d'ailleurs un peu l'anti Bergman, deux conceptions du mélodrame suédois opposées mais d'une richesse formidable et qui se complètent parfaitement.
Tentez absolument surtout que c'est disponible sur Netflix.
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