A cause de cette affiche, j'avais toujours cru que ce film était un simple polar d'action des '90s dans la veine des autres que Steven DeSouza avait écrit pour Joel Silver (à savoir 48 heures, Commando, Die Hard, Die Hard 2) mais quelle ne fut pas ma surprise de constater que Denzel Washington quittait l'uniforme de flic dès la fin du premier acte et que le film s'avère en réalité un thriller de manipulation vengeresse perverse.
J'aime assez le postulat du flic devenu avocat devenu procureur adjoint star et de l'antagoniste incarcéré dès le départ qui fomente sa revanche en taule tandis que l'étoile de l'autre ne cesse de monter. C'est même explicité à un moment dans une réplique du personnage de John Lithgow, qui se sent dérobé de son destin.
A ce titre, l'un des autres éléments du récit qui m'a le plus étonné, c'est la place prépondérante donnée aux médias, la façon dont elle accompagne, favorise, le succès du personnage de Washington et comment elle va se retourner contre lui. C'est plutôt bien vu l'idée du tueur qui se venge du flic qui l'a coffré non pas en le tuant ou en s'en prenant simplement à sa famille mais en lui volant sa destinée à son tour, en retournant le système de l'image qui l'a aidé à grimper contre lui.
Après, tu sens que l'idée est là mais qu'elle sert avant tout une fonction narrative et non thématique. Ca m'a mené à me demander ce qu'un Verhoeven aurait pu en faire. J'ai régulièrement pensé à Verhoeven d'ailleurs devant le nombre de scènes qui, je n'ai pas d'autre expression, PARTENT EN COUILLE.
Il y a un passage au début du 2ème acte où Mulcahy refait son propre Highlander en prison, avec des détenus qui se font des armures en botins téléphoniques et se tapent avec des grosses barres de fer taillées qui, quand elles s'entrechoquent, font des étincelles comme les épées dans son précédent film. Certains plans sont quasi-identiques (et c'est la seule séquence formellement un tant soit peu mémorable du film, avec aussi un match de basket avec des GROS PLANS RAS DES JAMBES SUPER MOBILES assez dynamiques, comme quoi le mec n'avait vraiment rien à proposer de vraiment notable comparé à ses contemporains pubeurs/clippeurs/actioneurs des années 80/90).
Il est rare que je sois interpellé par la violence d'un film mais ici, elle m'a paru poussive. Lorsqu'il s'évade de prison avec des aryens, ils utilisent soudain...UNE SCIE CIRCULAIRE (dont tu te demandes ce qu'elle foutait là) pour trucider un garde. Tosgra.
Entre ces effusions et la vulgarité d'autres scènes (cf. le bar SM avec meuf OBESE et barman nain qui sert des shots depuis des bouteilles dans des holsters), oui, je me suis demandé s'ils étaient influencés par notre hollandais violent.
Sans la satire, c'est un peu chelou. Je pense que si j'avais découvert ce film au même âge où j'ai découvert les autres productions Silver, j'aurais été très impressionné. Marqué à vie.
Après, l'écriture manque de précision (Washington qui sort de chez lui et laisse la K7) et va trop vite (la déchéance éclair du héros) donc le film est foireux au final mais l'ensemble était suffisamment étonnant pour que la séance ne soit pas désagréable.
Cela doit être sans doute le dernier Mulcahy tolérable. Quelle filmo!
PS : ce film fait partie du même univers que Die Hard grâce à notre Mary Ellen Trainor adorée qui joue la journaliste Gail Wallens dans les deux films.
Si l'on part du principe que le pays sud-américain fictif du Val Verde, utilisé par le scénariste dans plusieurs œuvres (ciné, télé, bédé) auxquelles il a participé, lie lesdites oeuvres entre elles, alors il existe un univers partagé Steven E. DeSouza.
Avec notamment Commando et Die Hard 2. Et donc Die Hard. Et donc Ricochet.
