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Un générique de Saul Bass


Film de guerre au budget très réduit, c'est le troisième film qu'Aldrich produit en indépendant, après le grand couteau et Autumn Leaves. Forcé de tourner à l'économie et rapidement un épisode de la seconde guerre mettant pourtant en jeu des milliers de combattants, Aldrich use de son inventivité et de sa capacité de suggestion pour livrer un film extrêmement tendu de bout en bout. L'action ne réside nullement dans la confrontation avec l'ennemi mais dans la lutte intestine au sein de l'armée, ici montré comme extrêmement corrompue et n'hésitant pas à sacrifier ses hommes pour des affaires de promotion. Encore une fois chez Aldrich, les personnages acquiert au fur et à mesure une stature over-the-top, non pas ici dans une glorification mais par exemple une image iconique du supplicié (la zombification incroyable de Jack Palance) ou de la psychose. Une exagération qui dépasse parfois le propos, comme si l'intensité et la violence des séquences brouillaient le message du film en frôlant le ridicule (le jeu d'Eddie Albert). Tourné presque exclusivement en intérieur, c'est un exemple de fluidité de mise en scène et un festival d'acteurs qui en imposent (Lee Marvin) .

Très envie de le voir. Je connais mal la filmo d'Aldrich mais il me semble qu'il a une certaine propension au huis-clos à travers sa carrière, ce qui semble être le cas ici aussi si j'en crois ton avis. Je me suis rendu compte récemment que le type avait tourné Apache, Vera Cruz, En Quatrième vitesse, The Big Knife et Attack en l'espace de deux ans, sans parler d'Autumn Leaves qui jouit d'une petite réputation. Je ne sais pas s'il y a beaucoup de "run" similaire dans l'histoire du ciné mais ça doit se trouver dans ces années-là.

The Big Knife est un pur huis-clos, c'est la transposition d'une pièce de Clifford Odets (le mec qui a inspiré le Barton Kink des Coen). Je ne pense pas que le huis-clos soit une constante chez Aldrich même s'il y a toujours cette figure de l'affrontement d'homme à homme qui revient. Le grnad couteau est intéressant pour la charge très violente sur Hollywood mais un peu lourd, étouffant. Attack est un film de guerre dans des espaces resserrés mais il y a un peu plus de souffle et pour le coup c'est très réussi. Autumn Leaves a été pas mal corseté par Joan Crawford apparemment.
Dans un des bonus d'Attack!, un type disait qu'Aldrich (de la famille Rockfeller) avait toujours essayé de quitter les zones de confort du studio après des périodes de succès et monté des projets personnels qui n'ont malheureusement pas souvent marché.

Grâce à ArtCore, j'ai pu retrouver l'interview d'Aldrich par Truffaut à la sortie d'Attack!

no. 64




et quelques avis sur d'autres réals

C'est marrant de le voir brocarder tous les réals dès qu'ils sortent du giron hollywoodien, vu la suite de sa carrière pas sûr qu'il tienne le même discours dans les années 70/80. Et son aveuglement sur Hitchcock est tout de même sidérant.

Pourquoi sidérant ? Les films de Hitchcock sont généralement bien faits et distrayants. Il aurait fallu qu'il dise qu'ils soient profonds pour rendre son commentaire moins "aveugle" ou "sidérant" ?

Je cite "Il fait des films pour divertir les gens; ils sont très bien fabriqués, mais ils n'ont rien à dire".

Rien à dire, vraiment? La critique international s'est donc fourvoyée dans son ensemble à en faire l'un des cinéastes les plus décortiqué, parce qu'ils trouvaient (et trouvent encore) qu'il est un de ceux qui a le plus à dire.

La critique américaine ne considérait pas plus que ça Hitchcock. Autre chose: On est en 56, l'année de la sortie de l'homme qui en savait trop. La filmo d'Hitchcock rentre dans son age d'or et n'a pas encore fait Vertigo, North by Northwest, Psycho...
Il y a une autre interview d'Aldrich par Truffaut (no. 82) ou il parle des jeunes cinéastes prometteur comme Lumet ou Kubrick.

Très sévère sur Preminger bizarrement

Je m'en fou de la critique américaine de l'époque, c'est une interview d'Aldrich c'est son propre avis qui m'intéresse (et j'ose espérer qu'en tant que réalisateur il est capable d'en avoir un indépendamment de ceux des critiques). Hitchcock en 56 il a déjà fait Rear Window, Strangers on a Train, Notorious, Spellbound, Rebecca, je crois que son âge d'or avait débuté depuis un certain temps.

C'est pour replacer le contexte (de toute façon Aldrich est très sévère mais c'est bien d'avoir un son de cloche de l'époque). Pour son age d'or c'est plus pour dire qu'il devient réalisateur en pleine possession de ses moyens et libre par rapport aux studios avec son entrée à Paramount et Rear window

Oui il paraît sévère en général, pas qu'avec Hitchcock. Le mec évacue Hawks d'un revers de la main, Ford ok mais encore quand il s'enlève les doigts. Après Preminger je me rangerai plutôt de son côté...