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Green Book (Peter Farrelly, 2018)
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Auteur:  Film Freak [ 23 Jan 2019, 21:31 ]
Sujet du message:  Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Chaque cérémonie de remise des Oscars a connu un outrage et 1991 ne déroge pas à la règle. Quand Miss Daisy & son chauffeur remporte la statuette face à Do The Right Thing, Hollywood envoyait un message clair et net concernant le genre de film sur le racisme qu'il préférait. Trente ans plus tard, le film qui pourrait faire office de remake officieux, avec son inversion des races de l'employé et du patron qui se croit maligne, est l'un des favoris. Un triste constat au demeurant symbolique du fait qu'effectivement, rien n'a changé.

En tout cas, rien ne semble avoir changé pour un certaine catégorie de gens qui semblent préférer toujours célébrer le feel-good movie qui les fait non seulement se sentir bien tout court - sans aller jusqu'à parler de comédie, le film est relativement léger, ce qui s'avère révélateur et problématique par ailleurs - mais surtout qui les fait se sentir bien à propos d'eux-mêmes. Pourquoi? Parce que Green Book est un énième film par des blancs sur un blanc et pour des blancs en quête de bonne conscience, où les questions de droits civiques sont simplifiées au point de se régler une personne à la fois et dans la douceur. Un échec sur le plan politique mais également artistique.

Non content de célébrer l'ouverture d'esprit d'un protagoniste blanc plutôt que de s'intéresser au tiraillement identitaire pourtant intéressant du personnage noir (dont l'acteur est nommé à l'Oscar du Meilleur...Second Rôle), le récit ose donner dans un positionnement ambivalent "tout le monde a raison" en montrant que le blanc apprend autant du noir que le noir du blanc. Certes, le noir est le patron cette fois mais c'est un riche solitaire, froid et condescendant et le gentil raciste blanc, cet homme simple, cet homme du peuple proche de sa famille, va le faire redescendre sur Terre en lui faisant découvrir...le poulet frit et Aretha Franklin. Si le whitesplaining de stéréotypes érigées en rudiments de la "culture noire" n'était pas assez gênant, le scénario se vautre également dans le bon vieux cliché du white savior, comme le vigile de héros sauve à plusieurs reprises son nouveau pote de situations embarrassantes.

Au-delà de toute question politique, c'est là que le bât blesse : l'autre chose qui n'a pas changé en 30 ans, ce sont les conventions de ce type de récit en préfabriqué. Sur 2h10 de film, Green Book est absolument dépourvu de la moindre scène qui ne soit pas convenue. Non seulement la structure est répétitive à en mourir, alternant moment de connivence ou de contraste sur la route la journée et confrontation avec les autochtones le soir, mais ces dernières s'avèrent somme toute bien peu graves. Cette légèreté que le film tient à garder nuit non seulement au propos, réduisant le racisme à quelques broutilles peu conséquentes au final, mais également au récit, qui manque terriblement de réels enjeux et de conflit.

À ce titre, l'évolution du personnage principal est quasiment instantanée. Avant sa rencontre avec Don Shirley, on le voit jeter à la poubelles deux verres dans lesquels ont bu les plombiers noirs qui viennent d'intervenir chez lui. Son dégoût est donc montré comme physique. Il estime que les noirs sont sales. Ce racisme viscéral disparaît dès qu'il est embauché et le reste de son arc sert juste à lui faire comprendre qu'un noir ne devrait pas avoir à s'écraser face au racisme systémique. Ce même racisme systémique que notre gentil blanc rejette en sermonnant son patron avec un #NotAllWhiteMen quand il lui dit qu'il n'est pas comme les gens du Sud qui viennent de lui interdire d'utiliser les mêmes toilettes qu'eux et même qu'il vit dans un quartier "bien plus noir que le votre".

On voudrait bien distinguer l'aspect politique de la qualité artistique du film mais les deux sont justement liées, le caractère rétrograde du premier s'incarnant justement dans le second et donnant naissance à ses défauts. Est-ce étonnant quand on sait que le film est co-écrit par le fils du protagoniste (lui-même "coupable" d'un tweet islamophobe il y a quelques années)? Un script aussi inintéressant que la mise en scène du frère Farrelly en solo et qui n'a pour seule qualité que celle d'offrir deux beaux contre-emplois à ses comédiens, convaincants, eux.

Mais peut-être le changement est-il là. Le film a remporté le prix de la Guilde des Producteurs mais n'a reçu que 5 nominations de l'Académie, qui s'est récemment diversifiée, et Farrelly, pourtant nommé par la Guilde des Réalisateurs, n'a pas été nommé tandis que Pawel Pawlikowski, si.
Et surtout, le film, qui avait remporté le Prix du Public à Toronto, n'a pas très bien marché au box-office américain.

L'espoir...

Auteur:  Castorp [ 23 Jan 2019, 22:04 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Il reste quelque chose du sens du comique de Farrelly ?

Ca donne pas envie, sinon. Dommage, inverser Miss Daisy et son chauffeur n'est pas du tout une mauvaise idée à la base.

Auteur:  Karloff [ 23 Jan 2019, 23:16 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Freak exagère... c'est un film humaniste, certes un peu old school et pas follement palpitant mais correctement emballé et avec un excellent duo d'acteurs.

4/6

Auteur:  Film Freak [ 23 Jan 2019, 23:42 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Castorp a écrit:
Il reste quelque chose du sens du comique de Farrelly ?

Sur Twitter, comme je disais le film convenu, quelqu'un m'a répondu que le film était original parce qu'il est "une vraie comédie, pas un biopic-drame publicitaire" (sic), j'ai contesté cette affirmation et j'ai eu droit à "il y a un élément comique toutes les deux minutes et l'évolution de la relation est très souvent illustrée par des ressorts comiques" et quand j'ai cité l'exemple de cette scène éculée, démago et nase du "mec simple qui goûte un canapé lors d'une réception hupée et recrache parce qu'il trouve ça dégueulasse", je me suis vu répondre :

"pas la façon dont il la recrache, tout en burlesque farrellyen."





Alors peut-être que tu y trouveras ton compte, moi j'ai eu l'impression de parler à Prout Man à ce moment-là.

Auteur:  Tetsuo [ 24 Jan 2019, 00:53 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Castorp a écrit:
Dommage, inverser Miss Daisy et son chauffeur n'est pas du tout une mauvaise idée à la base.


Il me semble que dans Miss Daisy et son chauffeur, il y a quand même une petite subtilité : il s'agit d'une notable juive qui affronte aussi, à son niveau, une forme de discrimination de la part des wasp, ce qui la rapproche de son chauffeur. Après, j'ai pas dû voir le film depuis genre 25 ans, donc si ça se trouve je dis n'importe quoi... Auquel cas, veuillez ne pas tenir compte de ce message. Cordialement.

Auteur:  Castorp [ 24 Jan 2019, 07:42 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Possible, absolument aucun souvenir du film, vu il y a une éternité.

Et si j'en crois le résumé du film, c'est ça, et ce n'est pas "une forme de discrimination", c'est même du racisme. Du coup, faut que je revoie ce film.

Auteur:  karateced [ 24 Jan 2019, 15:58 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Karloff a écrit:
Freak exagère... c'est un film humaniste, certes un peu old school et pas follement palpitant mais correctement emballé et avec un excellent duo d'acteurs.

4/6



il voulait pas l'aimer avant de le voir hein :D ça se voyait bien sur Twitteeeeeeeerrrrr. Moi je suis curieux de le voir.

Auteur:  Film Freak [ 24 Jan 2019, 15:59 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

karateced a écrit:
Karloff a écrit:
Freak exagère... c'est un film humaniste, certes un peu old school et pas follement palpitant mais correctement emballé et avec un excellent duo d'acteurs.

4/6



il voulait pas l'aimer avant de le voir hein :D ça se voyait bien sur Twitteeeeeeeerrrrr. Moi je suis curieux de le voir.

Je me fais pas de souci pour les suce-boules de Farrelly.

Auteur:  karateced [ 24 Jan 2019, 16:00 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Moi je suce personne, pas mon genre en plus. SURTOUT PETER.

Auteur:  Z [ 25 Jan 2019, 11:27 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

karateced a écrit:
Moi je suce personne, pas mon genre en plus. SURTOUT PETER.


Tu me fais de la peine.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 25 Jan 2019, 11:49 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Le lurker...

Auteur:  karateced [ 25 Jan 2019, 14:28 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Z a écrit:
karateced a écrit:
Moi je suce personne, pas mon genre en plus. SURTOUT PETER.


Tu me fais de la peine.


ah ah ah!

Auteur:  Abyssin [ 27 Jan 2019, 16:26 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Les différentes critiques citent souvent Capra, Peter Farrelly n'a évidemment pas son talent mais on y retrouve effectivement l'humanisme et l'optimisme de ses oeuvres. Assez étonné d'ailleurs de la mise en scène de Farrelly qui sans être géniale apporte un certain dynamisme au road trip et franchement les 130 minutes passent comme un charme. Sur un tel postulat et le statut de "taillé pour les Oscars", on pouvait avoir peur du pensum politiquement correct rempli de bon sentiments. Des bons sentiments, on ne va pas s'en cacher il y en a, on est souvent touché pendant la séance par la relation qui se tisse entre les deux héros mais jamais ça ne tombe dans le simplisme et le film se place de manière intelligente sur le plan politique. On pourrait effectivement faire un lien entre les mouvements haineux US aujourd'hui mais rien que la vision du racisme sudiste des années 60 avec ce message de "l'éducation sur des mauvais principes" est suffisamment intéressante et équilibrée au point de ne pas alourdir l'intrigue de base.

Autant prévenir on est à fond dans le classicisme adoré par l'académie des Oscars qui va lui faire gagner quelques statuettes mais jamais on ne sombre dans l'académisme grâce au remarquable scénario écrit par 3 mains dont celles du fils du chauffeur. Il y a évidemment cette inversion maligne des rôles du duo mais les qualités de l'écriture évitent la caricature et font souvent mouche. Et puis cela repose sur une comique de dialogues et de situations qui rendent le film très réjouissant. Car oui tout cela est drôle et on rit souvent. Alors oui l'humour ne fait pas dans la subtilité mais est relativement efficace.

Je ne vais pas m'attarder sur Viggo Mortensen et Mahershala Ali qui sont encensés à juste titre pour leurs performances même si j'ai un petit coup de coeur pour Mortensen qui est parfait dans son rôle de beauf rival à grand coeur. Le film fait évidemment partie des favoris aux Oscars par ses thématiques et son classicisme mais il s'agit avant tout d'une magnifique ode à la tolérance et un vrai bon film.

4,5/6

Auteur:  Film Freak [ 27 Jan 2019, 19:28 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

J'ai envie de gerber.

Auteur:  Abyssin [ 27 Jan 2019, 20:18 ]
Sujet du message:  Re: Green Book (Peter Farrelly, 2018)

Pour le coup, t'es aussi seul que moi sur Fleuve noir :mrgreen:

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