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MessagePosté: 06 Déc 2016, 19:26 
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Fernando, un ornithologue, descend une rivière en kayak dans l’espoir d’apercevoir des spécimens rares de cigognes noires. Absorbé par la majesté du paysage, il se laisse surprendre par les rapides et échoue plus bas, inconscient, flottant dans son propre sang.

De L'Inconnu du Lac (je trouve d'ailleurs une certaine similitude entre les deux affiches) Rodrigues reprend le dispositif scénographique initial: la plage, les corps qui se délassent langoureusement dans l'eau, l'observation du microcosme (à la recherche d'un amant ou d'un oiseau rare, tout en étant dans les deux films à la fois acteur et sujet de l'observation). Mais si la plage de Guiraudie est une scène mortifère, celle de Rodrigues est plutôt le lieu d'une renaissance/transformation, ce en quoi il serait plus juste de rapprocher L'Ornithologue de Rester vertical, les deux personnages principaux suivant un parcours comparable. Quête d'émancipation pour l'un, de transcendance pour Fernando, qui va peu à peu suivre la destiné de Saint Antoine, son kayak renversé par le torrent le plaçant entre les mains de deux pèlerines chinoises (pas très catholiques) perdues sur les routes de Saint Jacques de Compostelle.

Si je peux reprocher à Rester Vertical de parfois partir un peu dans tous les sens (le film vieillit malgré tout plutôt bien), je trouve par contre L'Ornithologue parfaitement maîtrisé, et ce malgré un nombre d'embûches et de péripéties qui n'a rien à envier au film de Guiraudie. Rodrigues bascule avec une aisance assez déconcertante de l'étrange au mystique en passant par le mythique ou le paganisme (rappelant en cela Les Milles et une nuits de Miguel Gomes), conservant au film une véritable homogénéité de ton. Visuellement c'est un régal, l'acteur principal (Paul Hamy, que je ne connaissais absolument pas) est parfait, d'un film dont je n'attendais pas grand chose je me retrouve avec un sérieux client pour mon top de fin d'année (et à mon avis pas que du mien).

Par contre au niveau de la diffusion c'est famélique (i.e. MK2 Beaubourg et Reflets Médicis à Paris comme à chaque sortie confidentielle) ce que je ne m'explique pas très bien (dans le même temps il y a une rétro intégrale de la filmo de Rodrigues à Beaubourg, j'imagine donc qu'il doit être un peu connu?), donc courrez-y!

5/6


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MessagePosté: 07 Déc 2016, 14:01 
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Bien tenté (j'avais bien aimé Odete), mais le film est passé fin novembre en Belgique au Nova qui est un peu en dehors des circuits de distribution usuels, et n'aura sans doute pas d'autre sortie (il y a quelques années il serait sans doute distribué avec une vraie sortie dans d'autres salles). Interessé aussi par Swagger du fait de ton message, mais pas de sortie belge prévue non plus (par contre Toni Erdmann est toujours à l'affiche depuis 5 mois). :(


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MessagePosté: 07 Déc 2016, 14:34 
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Les belges sont peut être plus friands de sperme sur les amuse bouches que du pissing (séquence très drôle dans L'Ornithologue) :lol:

Plus sérieusement pour le Rodrigues c'est vraiment dommage, clairement l'un de mes films préférés de cette année (je sais pas si on le saisit dans mon post initial, mais son film me fait penser à Guiraudie, en mieux - et j'aime bien Guiraudie).


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MessagePosté: 09 Déc 2016, 22:59 
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Je vais essayer ce week-end, tu m'as convaincu.


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MessagePosté: 10 Déc 2016, 01:25 
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Karloff a écrit:
Je vais essayer ce week-end, tu m'as convaincu.

Ça fait plaisir, j'espère que tu l'apprécieras autant que moi :D


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MessagePosté: 11 Déc 2016, 14:37 
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Le film m'a beaucoup fait penser à un autre film portugais récent, Jauja de Lisandro Alonso. Même errance sauvage au relent mystique et aux ramifications inexpliqués et inexplicables. Et je crois avoir préféré (assez largement même) le film d'Alonso.
Pourtant j'aime beaucoup le postulat et globalement j'adore la première partie, la perte, le début de l'errance et des rencontres. Mais trop souvent le film me perd et me fait perdre le fil. Je vois finalement assez mal le rapport avec Guiraudie à vrai dire qui fait un cinéma beaucoup plus rural, beaucoup plus prosaïque dans son étrangeté. Ici on est à mi-chemin d'une iconographie profondément sexuelle et plus particulièrement gay (du bondage à la golden shower avec un Paul Hamy hypersexualisé) et d'une obsession religieuse mystique. Cela crée des choses véritablement singulière, des rencontres fascinantes (le groupe de jeunes fêtards qui rappelle brièvement Le grand Meaulnes). Mais je dois dire que je me perds un peu en chemin, surtout dans cette dernière partie inintelligible et quasiment grotesque (très mauvaise idée ce changement d'acteur avec le réalisateur qui se substitue lourdement à l'acteur principal). Sans parler du dernier plan quasiment comique et d'assez mauvais goût donnant un peu l'impression que tout n'était qu'une vaste blague.
Mais je ne regrette pas le voyage, le film est quand même magnifique (très beau scope) et il a quelque chose de profondément singulier. J'ai beaucoup aimé le détail de la liste des animaux croisés dans le film lors du générique final. Ceci dit je crois que de Rodrigues j'avais préféré le plus expérimental Le dernière fois que j'ai vu Macao (film concept assez troublant et génial).

4/6

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MessagePosté: 11 Déc 2016, 18:32 
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Jauja, c'est Argentin, ils sont en Patagonie.


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MessagePosté: 11 Déc 2016, 19:05 
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Pour le coup je ne vois pas trop le lien avec Jauja, film dans lequel il n'y a aucune évolution particulière du personnage principal, alors qu'ici c'est une véritable transformation, ce qui le rapproche beaucoup plus de Rester vertical que de Jauja. Et ce n'est pas seulement en cela que je le trouve proche de Guiraudie, il y a aussi une vraie similarité dans leur façon de filmer les corps, la même nonchalance de leurs personnages principaux dont on se demande vraiment s'ils font des choix où s'ils avalisent seulement ceux qui leurs sont imposés, une similitude dans leur photo aussi (plus L'inconnu du lac pour le coup).

Après j'entends bien ce que tu apprécies moins dans le film Art Core, et je peux concevoir que ça ne plaise pas à tout le monde. Pour moi ça agit vraiment comme un plus, j'ai aussi été perdu mais je trouve cela appréciable que le film ne soit pas construit de manière linéaire et parfaitement intelligible, on est parfois à la frontière du surréalisme (Diane par exemple), et la fin en pied de nez et l'alter ego du début des Milles et une nuit de Gomes, scène d'autodérision qui traduit bien leur ludisme respectif.


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MessagePosté: 11 Déc 2016, 19:09 
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Putain le fail je sais pas pourquoi j'ai pris Alonso pour un portugais. Sans doute parce qu'il fait un cinéma "portugais" (très lent et cryptique). Pour le rapport à Fuir Guiraudie oui il y a quelque chose évidemment mais ça me semble beaucoup plus une parenté de surface.

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MessagePosté: 11 Déc 2016, 19:16 
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Art Core a écrit:
cinéma "portugais" (très lent et cryptique).

Je sais pas si c'est une qualité une qualité ou un défaut :D

Il y a des points communs évidents avec ce que fait Gomes, ça m'a aussi fait penser à Monteiro pour le coté amoral (voir à Greenaway, pas seulement pour la golden shower que l'on retrouve dans Meurtre dans un jardin anglais, mais aussi pour le côté très ludique de leur cinéma).


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MessagePosté: 11 Déc 2016, 23:58 
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Film extrêmement déroutant, qui a des points communs évident avec Rester Vertical de Guiraudie, en plus maîtrisé. La première heure est vraiment sublime, déjà formellement, mais aussi dans sa trivialité mystique - je ne sais pas si je suis bien clair. Paul Hamy en créature crypto-gay est bien sûr parfait.

Hélas le film se perd un peu ensuite - malgré le passage des amazones. Rien compris à la fin, mais c'est peut-être de mon fait, car je ne connais pas du tout la vie de Saint François d'Assise).

4/6


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 00:00 
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Art Core a écrit:
Le film m'a beaucoup fait penser à un autre film portugais récent, Jauja de Lisandro Alonso. Même errance sauvage au relent mystique et aux ramifications inexpliqués et inexplicables. Et je crois avoir préféré (assez largement même) le film d'Alonso.
Pourtant j'aime beaucoup le postulat et globalement j'adore la première partie, la perte, le début de l'errance et des rencontres. Mais trop souvent le film me perd et me fait perdre le fil. Je vois finalement assez mal le rapport avec Guiraudie à vrai dire qui fait un cinéma beaucoup plus rural, beaucoup plus prosaïque dans son étrangeté. Ici on est à mi-chemin d'une iconographie profondément sexuelle et plus particulièrement gay (du bondage à la golden shower avec un Paul Hamy hypersexualisé) et d'une obsession religieuse mystique. Cela crée des choses véritablement singulière, des rencontres fascinantes (le groupe de jeunes fêtards qui rappelle brièvement Le grand Meaulnes). Mais je dois dire que je me perds un peu en chemin, surtout dans cette dernière partie inintelligible et quasiment grotesque (très mauvaise idée ce changement d'acteur avec le réalisateur qui se substitue lourdement à l'acteur principal). Sans parler du dernier plan quasiment comique et d'assez mauvais goût donnant un peu l'impression que tout n'était qu'une vaste blague.
Mais je ne regrette pas le voyage, le film est quand même magnifique (très beau scope) et il a quelque chose de profondément singulier. J'ai beaucoup aimé le détail de la liste des animaux croisés dans le film lors du générique final. Ceci dit je crois que de Rodrigues j'avais préféré le plus expérimental Le dernière fois que j'ai vu Macao (film concept assez troublant et génial).

4/6


ah ben en fait, nous sommes totalement d'accord sauf la référence (ça m'a aussi fait penser à Tropical Malady d'ailleurs).


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 00:07 
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Karloff a écrit:
Film extrêmement déroutant, qui a des points communs évident avec Rester Vertical de Guiraudie, en plus maîtrisé. La première heure est vraiment sublime, déjà formellement, mais aussi dans sa trivialité mystique - je ne sais pas si je suis bien clair. Paul Hamy en créature crypto-gay est bien sûr parfait.

Hélas le film se perd un peu ensuite - malgré le passage des amazones. Rien compris à la fin, mais c'est peut-être de mon fait, car je ne connais pas du tout la vie de Saint François d'Assise).

4/6

C'est pas Saint François d'Assise, c'est Saint Antoine, Le Saint patron de Lisbonne


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 00:43 
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ah je suis trompé par le Fernando. De toute façon, j'y connais rien dans les saints.


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 09:59 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Mais cette dernière partie avec toutes ces histoires de double, ce changement d'acteur, je trouve ça tellement lourdingue dans les symboles ça m'a fatigué (alors qu'en effet l'aspect comique des derniers plans et de la musique du générique apportent une forme de désinvolture face au projet). Mais il me reste pas mal d'images en tête quand même, toute la première partie est vraiment magnifique. Il y a par ailleurs une piste narrative suggérée mais pas vraiment poursuivie c'est celle de la folie avec cette histoire de cachets.

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