Forum de FilmDeCulte

Une vague de meurtres tourmente une génération d’adolescents esseulée tout autant fascinée par la sexualité que par la mort, les selfies et… Jésus…

Ironie des sorties cinémas qui font se télescoper la même semaine Grave présenté à Cannes en 2016 et Mate-me por favor qui était lui sélectionné lors de la Mostra 2015. Et c'est fou les similarités que l'on retrouve de l'un à l'autre. Premier film de deux jeunes réalisatrices (l'une française, l'autre brésilienne) traitant des premiers émois amoureux/sexuels d'adolescentes ou de jeunes adultes sur un mode horrifico-fantastique (à croire que toutes les jeunes femmes sont passablement dérangées par ce passage à l'acte, en tout cas ça semble profondément les travailler), les deux sont portés par des choix de mises en scènes extrêmement couillus et particulièrement maîtrisés. Un même humour les parcours, comme s'il ne fallait prendre ni l'un ni l'autre trop au sérieux. Une même sensualité également, carnassière chez Grave, boulimique chez Mate-me por favor tant le film (et Bia le personnage principal) est obnubilé par le geste du baiser, répété jusqu'à l’écœurement.

Par contre si le film de Ducournau fait la part belle à l'horreur et est animé d'un rythme fiévreux, celui de Rocha da Silveira est lui plus lent (il a de ce côté là une petite parenté avec The Fits), plus cadré et moins horrifique (malgré la séquence initiale) que mystérieux (le finale de Grave tendant à clairement expliquer l'évolution de Justine tandis que la scène qui clôt Mate-me por favor laisse planer le doute sur le(s) responsable(s) de la série de meurtres)Et si dans Grave le monde adulte est là pour recadrer/aiguiller (les persos de Vernoux, Lanners et in fine du père), il brille par son absence dans Mate-me por favor (la mère que l'on ne voit jamais, comme dans The Fits), hormis le personnage du grand frère, troublant voir inquiétant, comme s'il n'avait pas réussi à acquérir une véritable identité lors de son passage à l'âge adulte
Je disais après avoir vu Certain Women que la femme avait une place de choix en cette année 2017, impression renforcée après ce week-end, doublement renforcée puisque les personnages principaux et les réalisatrices de ces deux très bons films sont toutes des femmes.

4.5/6