C'est somptueux, puisque Welles fait d'une histoire franchement banale un conte shakespearien déchirant, d'un noir profond et d'une grande violence. En refusant toute symétrie dans le cadre au fur à mesure que la folie s'installe, en jouant habilement de la contre-plongée et du gros plan (séquence "joyeuse" sous la neige en début de film, qui dit déjà toute l'horreur à venir), Welles construit une atmosphère de plus en plus pesante, de plus en plus asphyxiante : le manoir des Amberson se fait prison lentement gagnée par les ténèbres, les visages se marquent de souffrance (fabuleux monologue du Major Anderson, terrassant de violence), les échanges sont de plus en plus acerbes. Il y a infiniment plus de souffrance à l'écran ici que dans n'importe quel depression-porn de Von Trier, à un tel point que la vision de certaines scènes en devient douloureuse.
Dommage, donc, qu'il y ait cette abominable fin RKO qui laisse une sale impression au final.
5.5/6
Welles, c'est vraiment un grand de chez grand.