Sandrine, trente ans, est obligée de retourner vivre chez sa mère à Roubaix. Sans emploi, elle accepte de travailler pour son oncle dans un chenil qui s’avère être la plaque tournante d’un trafic de chiens venus des pays de l’est. Elle acquiert rapidement autorité et respect dans ce milieu d’hommes et gagne l’argent qui manque à sa liberté. Mais parfois les bons soldats cessent d’obéir.
J'y allais en traînant la patte et en déconnaissance de cause, car au vu de l'affiche je m'attendais à un GI Jane à la française qui tire la tronche genre je vais au front sans ma mise en pli et booya je passe pour un bonhomme, et en fait ce n'est pas ça du tout. Drame social à Roubaix avec sa cohorte de chômage et de précarité mais non dénué d'humour, film de genre dans un chenil où on trafique des clebs parfois déjà réduits en bouillie, le premier effort de Larivière brouille les pistes avec talent. Engagée à faire la sale besogne auprès d'un oncle louche et patibulaire (Anglade, trop bad guy psychorigide, manquant de nuance), Bourgoin (probablement son meilleur rôle, qu'elle endosse à bras le corps) interprète un personnage qui ne se laisse pas faire et tente de renverser la vapeur de la soumission à son statut social. Contrebalançant la spirale d'une noirceur extrême dans laquelle s'embrigade cette femme cherchant à s'en sortir alors qu'elle se retrouve face à ce que la nature humaine n'a offrir que de plus putride, elle est aussi convaincante dans la complexité des rapports familiaux que dans le panache avec lequel elle tente de renverser la vapeur. Cette manière de présenter cette histoire particulièrement sordide et psychologiquement chargée en n'excluant ni le court échappatoire des petits bonheurs simples ni la rage intérieure avec laquelle elle se met progressivement à le combattre en fait un des premiers films français les plus convaincants de ces dernières années.
4/6