A Brisbane, Ted Lennard fuit un crime et embarque sur un cargo pour le Mexique, où il découvre une île paradisaque le temps d'une escale. Suite à un malentendu, celui-ci revient pourtant à la case départ et doit reprendre son statut de fugitif... Il rencontre une jeune femme qui vit seule dans une cabane isolée, Liliane
Sous ses airs d'avatar très secondaire du "réalisme poétique", ce Récif de corail est surtout à voir comme un petit film d'aventure sympathique, pas honteux dans ses décors australiens reconstitués en Allemagne avant la guerre (!), même s'il finit par devenir un peu trop mielleux... Le réalisateur n'a pas vraiment marqué les esprits de par sa filmographie mais c'est professionnel sans être trop raide, ce qu'il reste de la photo et la direction artistique ne sont pas dégueux, et on évite certaine tares dans l'exotisme. Tout le début dans le bateau façon "Crabe au pince d'or" est bien sympas, et le passage suggestif de l'île, via le dialogue avec l'excentrique ayant fui la civilisation, montre que le film travaille surtout l'utopie et la fuite en avant de la société, même dans le récit d'évasion.
Il y a de jolies choses dans la partie entre Gabin et Morgan, même si ce bush australien reconstitué peuplé d'acteurs français prononçant étrangement leurs noms est vraiment décalé, et les extérieurs renvoient plutôt à du western canadien... Je disais "ce qu'il reste de la photo" sinon, car le film était considéré comme perdu et a été retrouvé en 2002 à Belgrade, et malgré la restauration, tout n'est pas parfait (soupçon d'un bout de film qui a sauté à un moment). Pierre Renoir traine parfaitement sa drôle de trogne en flic apportant inexorablement la poisse, et l'écriture de Charles Spaak reste agréable, même avec de petits postulats... Gabin commence déjà à se stéréotyper plus sévèrement par contre.
