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L'Arbre, le maire et la médiathèque (Éric Rohmer - 1993)
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Auteur:  bmntmp [ 03 Fév 2022, 18:20 ]
Sujet du message:  Re: L'Arbre, le maire et la médiathèque (Éric Rohmer - 1993)

Vieux-Gontrand a écrit:
Je crois surtout qu'il projette un peu trop de lui-même dans les films qu'il voit, d'où sa déception.


C'est marrant car c'est un truc que je reproche aux films de Rohmer, l'argument de Lohmann sur l'érotisme, j'ai pu le retrouver ailleurs, et on pourrait le résumer de la sorte : les nanas sont mignonnes chez Rohmer, ce qui est un argument arriéré de cinéphile typique (un fantasme qui reste transposé au cinéma au moins peut-être) et il n'est pas certain que le spectateur ne projette pas comme une forme de happy fewism dans ce cinéma. C'est d'ailleurs une prouesse de Rohmer car ce n'est pas gagné. Sur l'attrait qu'il exerce sur des spectateurs étrangers, ça s'explique aussi de la même manière, une identification décuplée par une forme d'exotisme capiteux. Cela peut donner aussi bien Boulevard de la mort que Hong Sang-Soo ou un rejeton prénommé Rohmer (comme me l'a appris Cantal dans le cas de Baumbach).

Auteur:  Lohmann [ 03 Fév 2022, 18:33 ]
Sujet du message:  Re: L'Arbre, le maire et la médiathèque (Éric Rohmer - 1993)

Avant d’être mignonnes elles sont bien souvent têtes à claques

Auteur:  Vieux-Gontrand [ 03 Fév 2022, 18:37 ]
Sujet du message:  Re: L'Arbre, le maire et la médiathèque (Éric Rohmer - 1993)

Oui happy few le mot est bien choisi. Il y a une dimension stendhalienne dans le regard sur les femmes. Un érotisme exacerbé, lié au pouvoir direct sur autrui, mais qui n'est pas forcément consommé, car ce pouvoir appelle le maintien permanent de la séduction (ce qu'est finalement la cristalisation). Il y a aussi le thème du dédoublement et de l'hésitation amoureuse entre deux objets valorisés avec la même intensité. Quand Azaello dit ses dialogues sont à la fois trop littéraire pour sembler naturel, et trop prosaique pour atteindre un idéal de beau style, on l'a aussi reproché à Stendhal d'ailleurs.

On peut aussi à la fin de la Chartreuse où les personnages, prisonnier du code amoureux initial, rejouent clandestinement la même chose que ce qu'ils sont publiquement depuis lé début, sans s'en apercevoir. Ils méconnaissent leur solitude et le fait que l'environnement qui constituait tant la source de leur persécution que de la reconnaissance de leur valeur a entretemps disparu, et meurent doucement de n'être plus regardés.

Mais il a pu créer des personnages féminins qui sortent de ce schéma, dans l'Anglaise ou le Duc ou le personnage tragique (et je crois historique) et trop lucide d'Arsinoé dans Triple Agent (peut-être son meilleur film pour moi, avec la Femme de l'Aviateur mais je suis loin d'avoir tout vu), qui finit d'ailleurs une prison bien stendhalienne.

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