"Cette histoire se passe en des temps reculés, des temps de violence. Partout à travers l’Europe une sorte de guerre se propageait. Dans une ville il y avait deux sœurs qui vivaient…" (Allociné)
Ça commence par une espèce d'immersion captivante propre à certains de ces documentaires récents (Les arrivants, par exemple), qui se conçoivent comme de gros morceaux de témoignage bruts, basiques (leur degré de fictionnalisation n'ayant finalement dans l'histoire que peu d'importance) : ici, c'est la découverte d'une double barre d'immeubles via ses coulisses, qui semble tracer la voie d'un portrait géant et multi-facettes du lieu.
Mais en fait, très vite, le film concentre son intérêt sur un petit trio de personnages : deux filles un peu paumées, et leur amie, une jeune maman qui va se marier. Formant et dé-formant plusieurs fois ce trio sans trop savoir où se poser, Vernier finit par se concentrer sur ses deux héroïnes qui s'emmerdent, traînant leur désœuvrement et leur angoisse dans des décors toujours plus vides. Et là, le film a beau proposer quels moments justes, quelques situations fortes, quelques percées poétiques (malheureusement un peu ampoulées), il diffuse surtout un profond parfum de confusion et d'ennui, et une impression générale de ne pas avoir de sujet - les tours, et au-delà d'elles le portrait de la cité, semblant perdues de vue depuis bien longtemps.
C'est dommage, parce qu'il y a là quelques grandes scènes, un vrai potentiel, mais l'impression (peut-être fausse) qui en ressort est que, d'abord parti explorer ce décor, Vernier s'est finalement uniquement concentré sur ses premières rencontres, figures ni aussi intéressantes, ni aussi révélatrices qu'il aimerait le croire. Ça m'enlève pas l'envie d'aller découvrir Commissariat, mais là c'est globalement raté.
