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La Femme qui voulait mourir (Kôji Wakamatsu, 1970)
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Auteur:  Mr Chow [ 22 Déc 2013, 18:42 ]
Sujet du message:  La Femme qui voulait mourir (Kôji Wakamatsu, 1970)

aka Segura magura: shinitai onna

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Deux couples qui ont raté leur suicide se retrouvent par hasard dans une auberge située dans une ville thermale sous la neige

Tourné quelques jours après la mort de Mishima, ce Wakamatsu fait vivre quasiment en direct ces évènements (évoqués par inserts de coupures de presse ou dans les dialogues), et semble être une grande improvisation en réaction autour de la figure suicide. On y convie les pulsions politiques nouvelles et ce que le geste a d'ancré profondément dans la société japonaise, en revisitant même une forme finalement très classique de mélos sur tatamis comme le cinéaste peut toucher dans d'autres opus au polar...Je suis curieux de voir son avant dernier film sorti le mois dernier du coup, puisqu'il repasse sur ces évènements qui ne sont ici que des echos.

Deux pactes de suicides ratés et des différences de générations s'affrontent après s'être "mélangés", dans un combat vaporeux entre tradition et rébellion, où la posture de vivre ou mourir fasse à l'angoisse se relativise, comme si le choix de l'un ou de l'autre devenait presque aléatoire. Les personnages échangent d'ailleurs tour à tour courage et lâcheté avec une facilité confondante. On se rend compte ici plus que dans d'autres opus du réalisateur à quel point les débats exposés sont en fait avant tout des échos intérieurs ou quasi télépathiques, les voix entendues étant ici en grande partie en off (parfois même un personnage semble s'arrêter de parler et le discours continu à l'écran).

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Son début allégorique et silencieux, le dépouillement général de ce film quasi intégralement en noir et neige, rend plus lisible cette caractéristique. Wakamatsu y exploite au maximum son beau décor de montagneux, encore une fois épatant dans ce contexte de film tourné à l'arraché... Après on peut trouver ça rapidement gonflant et se sentir très peu concerné, d'autant plus par une thématique et sa traduction en un geste qui paraît culturellement très marqué. Il est difficile de saisir tout ce qui anime les personnages successivement tant ça va très vite... Vaut peut-être mieux pas chercher à en tirer un propos comme généralité, d'autant plus quand intervient l'espèce d'ironie rock du final qui semble tout transformer en blague (comme sur Shinjuku Mad vu juste avant d'ailleurs).

Il n'empêche qu'en accumulant les films du réal maintenant, j'ai vraiment le sentiment d'un cinéaste qui ne s'arrête jamais à un seul discours à l'écran, mets toujours tout en doute, réacs et punks, société sclérosé comme esprit de révolte virant à la paresse, de manière à nous sortir un peu lessivé des contradictions et mettre à jour un Japon vraiment pas bien dans ses futons... Cinéaste qui de toute façon à cette période précise (69-70) ne fait que tourner à vitesse grand v sans donner trop l'impression de chercher à s'attarder, se retourner.

On peut se lasser sur le mouvement d'ensemble qui finalement ne surprend pas beaucoup, mais on reste en permanence captivé en détail par les idées de mise en scènes appliquées dans cette urgence, les tonalités adoptées, on reste curieux du comment il va faire dévier ses "passages obligés" en matière de sexe et de violence dans chaque "épisode" (juste un peu plus d'une heure pour celui-ci)...

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