Hélène Masson, célibataire de trente-huit ans qui a fait fortune dans le prêt-à-porter, se trouve au bord de la dépression après que son amant a décidé de la quitter pour une femme plus jeune. Elle vient rejoindre son ami Jérôme, qui suit une cure de rajeunissement très coûteuse dans l'institut de thalassothérapie du docteur Devilers. Elle s'aperçoit peu à peu que le personnel de service de l'institut, composé de jeunes Portugais, a un comportement pour le moins bizarre. De plus, le docteur Devilers fait de bien étranges expériences dans son établissement… [wiki]
Pour son troisième film, Jessua se retrouve propulsé avec des grosses stars mais tout en conservant un sujet qui se veut provocateur et un projet somme toute assez original pour la production commerciale de l'époque, avec toujours cette fascination pour des petites communautés flippantes et les comportements nihilistes. Tout cela est gentiment le cul entre deux chaises, mais c'est jusqu'ici je crois le film le plus agréable que j'ai vu du réalisateur, bien rythmé et se tenant dans sa conclusion. C'est du divertissemement grand luxe assez classique, avec une Girardot omniprésente qui nous sert quelques monologues réglé comme du papier à musique et qui a le droit de joue à la fois le registre de la victime et de l'enquêtrice génante... tout en restant un "truc" qui reste peuplé de séquences complètement barrées, que ça soit dans ses scènes de sauna et bains naturistes assez hallucinantes (avec Delon full frontal!), où dans le final totalement en live où Girardot découvre l'envers du décor des laboratoires, Jessua ne se bridant pas spécialement en gore et grand guignol... Delon est vraiment secondaire en temps d'écran en grand méchant séducteur, mais la direction donnée par le réal le fait retourner dans un registre plus proche de ses débuts de Plein Soleil , bref deux détails qui sont plutôt des bons points.
Reste que le postulat de base est tellement énorme que le traitement a beau être "choc", il passe comme dans Les Chiens à côté de tout ce qui aurait pu en faire un potentiel renouveau ou fleuron de cinéma de genre à la française, pour rester attaché comme à une bouée raussante à des dialogues bien ciselés, des seconds rôles caricaturaux et un propos finalement asséné à la truelle (le passage scolaire sur l'hypocrisie dans le café du port, la clique représentant "l'élite" vraiment pas fine...). Dommage car là encore, le film donne parfois l'impression d'avoir pourtant tout pour réussir là dedans : quelques bonnes ambiances, ses portugais sans papier zombiesques, l'utilisation du décor encore une fois assez chouette, aussi bien en clinique qu'à Belle-île.
L'interview de Jessua sur le DVd est assez amusante, racontant comment après Jeu de Massacre il se fait balader pendant trois ans par Carlo Ponti, qui lui fait miroiter le financement d'un scénar de SF qu'il ne tournera jamais... et comment malgré le gros succès de Traitement de choc (d'abord refusé et miraculeusement mis en route grâce à Girardot) ça sera rebelote après pour pouvoir retourner ce qu'il veut... Le mec a l'air rigolo (et rigolard), surtout quand il critique sa mise en scène sur la grosse scènes d'aviation du film qu'il aurait voulu plus objective et franco dans le spectaculaire, alors que je la trouve franchement pas si mal (les champs contre-champs en regard caméra dans le cockpit, la conversation pendant que défile moutons et les curistes survolés), limite dans la réal c'est que je préfère avec le générique de début assez chouette.
