Gion no shimai (祇園の姉妹) en VO.
Le quartier de Gion, à Kyoto. Umekichi est geisha selon la tradition. Mais sa jeune sœur, Omocha, prône des méthodes plus modernes, dépourvues de toute compassion ou d'affectivité à l'égard des clients.
J'avais tellement pas grand chose à en dire, mais j'ai vu qu'il y avait pas de topic et c'est un peu dommage.
Il y a beaucoup de choses surprenantes là-dedans : je ne sais pas ce qui tient de Mizoguchi, et ce qui tient des "modes" de la période (ça doit être le premier film japonais que je vois des années 30, à part un Shimizu et un Naruse muet, donc difficile de comparer). La chose qui me frappe le plus, c'est la façon dont on a, sur le papier, un canevas de comédie, de comédie sophistiquée hollywoodienne plus précisément (cynisme et sentiments qui reviennent à rebours, séduction et manipulation romantique, amour et argent, quiproquos et "ciel-mon-mari"...), mais sans en garder la tonalité comique. L'humour est présent, mais juste comme une donnée parmi d'autres, et n'abstrait plus de son sceau magique les situations de la réalité où on les puise.
Il y a pourtant des traces de théâtralité par exemple (un étrange 4è mur persistant à l'image, une tendance à expliciter à haute voix les enjeux), mais jamais assez pour transformer en fable théorique l'histoire de ces deux sœurs (pourtant "exemplaires", chacune optant pour une position morale et se retrouvant ensemble pour un constat final). Le conflit larvé entre elles, la façon dont elles vivent leurs tentatives et leur cohabitation, prédominent à ce qu'elles symbolisent.
Mizoguchi, pour le reste, c'est toujours pareil : ça ne m'émeut pas (ce qui ne veut pas dire que ça me laisse froid), mais j'admire. Malgré le côté "petit film" (1h09, quelques décors, souvent la même pièce), c'est peut-être son film qui m'a le plus impressionné jusqu'ici : surpris par un plan sur deux, sensation de grande liberté (dans l'attaque, dans l'approche), bref, encore une fois distant mais très intrigué.
Concernant le blu-ray (Artificial Eye) : Il y a un truc dans la texture de l'image qui peut faire tiquer, un grain très présent au point de gêner la définition parfois, mais j'ai l'impression que c'est le cas pour tous les films des années 30, Hollywood compris ; faudrait voir à quoi ça tient un jour, mais je doute que ce soit un souci de vieillesse des éléments ou de restauration, ça m'a plutôt l'air de tenir à la nature de la pellicule. Pour le reste, le master est en super bon état, c'est un plaisir de découvrir le film ainsi.
