Démanty noci en VO.
Seconde guerre mondiale. Deux jeunes juifs sautent d'un train de déportés et courent vers la forêt.
Gerry meets Essential Killing meets L'année dernière à Marienbad meets "Le petit poucet" meets Tarkovski. Plus simplement : un survival presque muet, à travers une nature létale et grandiose, où les hallucinations indéchiffrables (souvenirs du passé ? fantasmes du futur ? visions ?) viennent se mêler au présent sans crier gare.
Si ce premier film souffre de quelques maladresses de débutant (le projet est beau, l’exécution pas toujours assurée), la marche silencieuse à travers les bois mortels est quand même immédiatement fascinante. Mieux, cette réalité poreuse aux pensées des personnages, à quelques trébuchages près, est très vite acceptée par le spectateur, le film entier somnolant dans un bain sonore super bien pensé - tellement immersif, à vrai dire, que je ne saurais même pas le définir exactement sans devoir retourner écouter attentivement le film. Disons en tout cas que cet entrelacs de bruits et d'ambiances, dès le générique d'ouverture, est d'abord évocateur avant d'être signifiant : dans les meilleures moments, l'impression est celle qu'on a à la lisière du sommeil ou de l'éveil, quand la logique du rêve prédomine encore sans qu'on en soit gêné. Le sens des visions est de toute façon bien trop abscons pour qu'on aille même chercher du symbolisme là-dedans, et tant mieux : l'irruption de ces percées de lumières éblouissantes au milieu du cauchemar auraient tôt fait de briser l'envoûtement, si elles avaient mal été gérées.
Je suis donc super enthousiaste dans un premier temps, moins dans le dernier tiers du film et l'arrivée d'un groupe de personnages que je vous laisse découvrir. Pas que je sois contre en soi : on retrouve ici un trait tout à fait logique du film d'horreur, où l'angoisse n'est jamais plus éclatante que dans la banalité. Mais ça change deux choses qui, à mon sens, cassent un peu le charme vénéneux du film. D'une, l'aventure passe du statut de réalité trouée d'hallucinations, à celui de ballade absurde, irréelle tout court, parabolique. Et de deux, dans ce dégommage comico-horrifique de l'imagerie rurale et des traditions pépères, dans cette approche acide du passé, on sent quelque chose du règlement de compte inter-générationnel, ou du moins national (historique). Le lyrisme primal du film (le côté tarkovskien, en somme) s'y perd un peu en route, le film revenant alors à quelque chose d'un peu "nouvelle vague" justement, d'un peu plus incisif et malin, qui est peut-être même plus intéressant (ouvrant petit à petit une structure en boucle), plus ironique et plus mordant, mais aussi moins éblouissant.
Ça reste un superbe petit film et, argument pour ceux qui ont peur, ça ne dure qu'1h03.
Concernant le DVD : Les éditions Malavida sont extérieurement soignées, ça faisant un moment que je me demandais ce que ça valait. Premier essai, donc, et une image difficile à juger, car je ne sais pas ce qui vient du film (un 16mm, peut-être ?) ou du master. En l’occurrence c'est sur-contrasté, très charbonneux, pas très fin dans le rendu, et donc possiblement dégueu, je peux pas trop dire. Sinon un gros lol pour l'onglet bonus dans le menu, qui te mène à cet écran :
Sachant qu'il doit y avoir un truc comme 15 dialogues à sous-titrer sur tout le film... Dans ces cas-là, les gars, vaut mieux rien mettre du tout. Bon puis la flemme de préparer un extrait là (quelqu'un les mate, les extraits - je veux dire à part moi 15 fois après les avoir posté ?)