Un jeune père et ses deux enfants à la dérive dans l'inhumanité et la violence de Taipei, machine infernale pour recracher les individus.
L'annonce de la retraite de Miyazaki a éclipsé celle de Tsai Ming-Liang, le maître taïwanais de la solitude urbaine, qui parachève son oeuvre avec un geste de cinéma radical et désespéré qui évoquerait presque le cinéma de Pedro Costa. Là où beaucoup se rattachaient à une esthétique qui magnifiait ses fulgurants trips contemplatifs jusqu'au chef d'oeuvre Et là-bas quelle heure est-il? (après une période d'errance artistique qui le mena jusqu'à Visages, son film français gadget et raté avec Laëtitia Casta), TML opte pour une image crue et sans fioritures exposant la misère d'une famille de SDF, incapables d'obtenir un autre emploi que panneau humain au bord d'une route où souffle de plus en plus un vent qui vire à la tornade, condamnés à visiter des supermarchés comme si c'étaient des musées ou à sangloter dans un taudis en ruine dévasté par une pluie torrentielle. Le message est clair: Sortie définitive, pas d'échappatoire, on est tous foutus, autant se flinguer direct. Stray dogs se constitue ainsi d'une suite de plans étirés à l'infini de désolation doloriste où les gémissements et les pleurs servent de dialogues, culminant dans une interminable dernière scène de trente minutes où les personnages devenus des spectres inconsolables fixent le paysage de l'affiche. Radical et désespéré, donc.
3/6