Amérique centrale, début du XXè siècle. Marie, une jeune séparatiste irlandaise, voit son père mourir dans un dernier attentat. En fuyant, elle croise le chemin d'un music-hall ambulant, et devient l'amie d'une de ses danseuse : Marie, elle aussi. Ensemble, elles montent un numéro de charme qui connaît un retentissement fracassant à travers le pays. Mais la révolution va les rattraper...
C'est assez bizarre ce film, parce qu'à première vue ça a vraiment les habits de la grosse sortie française 60' endormie et vulgos (le projet d'affiche BB-Moreau fait déjà à la base un peu peur), avec chanson et tout le toutim. Puis très vite, ça devient relativement solide.
Si Brigitte Bardot ne fait illusion que quelques minutes (la fille qui joue comme un parpaing...), le film l'utilise de toute façon plutôt pour son côté faussement beta (faut voir certaines piques trash, le retour de la nuit aux trois hommes par exemple), dans une relation de petite sœur avec Jeanne Moreau dont l'alchimie prend plutôt bien. L'ensemble fonctionne de toute façon aussi par son inclinaison à la parodie, parfois clairement formulée (la scène de torture où rien ne marche, et où est plus très loin dans l'énergie et le ton de certains films bis), le plus souvent ambigüe et du coup pas forcément très efficace (toute la révolution ultra-caricaturale de la seconde partie, dont je suis pas sûr qu'elle ne soit pas juste ultra-simpliste). Le film s'en sort globalement dans son côté pop et pulp, quand il joue de ses deux icônes sur un mode fantasmatique-guerrier, et moins quand il vire à la franche comédie (l'attaque finale qui vire parfois à la série de pièges "maman j'ai raté l'avion"), à l'expérimentation poseuse (les scènes de danse kaléidoscopiques, surtout) ou au pseudo-tragique (tout ce qui tourne autour du révolutionnaire top model).
L'ombre molle d'un gros pâté français académique traîne un peu sur tout le film : on dirait en fait, pour résumer, un projet de Max Pécas pris en charge par un vrai scénariste/dialoguiste (Carrière), un vrai réal, une vraie actrice (Moreau) et un vrai musicien (Delerue, qui se donne à fond). D'où un résultat un peu hybride, qui ne parvient pas à se détacher de sa vulgarité première et de sa dimension narnardesque, qui en joue et les assume aussi par ses clins d’œil à la série B, tout en faisant preuve d'une maîtrise formelle et rythmique qui tend vers un ciné classique plus solide... Bref, objet curieux, qui tient un certain temps l'équilibre, sans pour autant réussir à dépasser cette mêlasse pour offrir une résolution ambitieuse.