Contrairement à DPSR, je ne vois pas trop ce qu'il y a de particulièrement débile ou même de vulgaire dans le film. Au niveau de la violence, par exemple, moi ça me rappelle Scarface, écrit par nul autre qu'Oliver Stone (d'ailleurs, Savages n'est pas un film de commande, Stone a acheté les droits du livre lui-même avant sa publication, et c'est d'ailleurs le premier de ses films depuis Alexandre dont il écrit le scénario).
C'est à ce film-là que j'ai pensé plusieurs fois, plutôt qu'à U-Turn ou à du Tony Scott, malgré la présence à la photo de Dan Mindel. A vrai dire, à part un ou deux plans, ça ne ressemble pas à du Domino (très granuleux, plus saturé, plus nerveux, filmage à l'épaule). A la limite, ça ressemble davantage à du M:I-3 (multicolore léché, flares) éclairé par le même Mindel.
Enfin ça ressemble surtout à du Stone.
Je suis content de voir qu'après s'être grave assagi après Alexandre, il reprend de plus en plus du poil de la bête de film en film, et semble retrouver un peu de la folie bouillonnante de sa période '90s (où résident ses meilleurs films pour moi, du moins les plus fascinants, comme JFK, Tueurs Nés, Nixon, L'Enfer du dimanche, même si c'est aussi la décennie de ses films que j'aime le moins, comme The Doors, Entre ciel terre et U-Turn).
Toutefois, les effets de style stoniens semblent par moments être ici "juste pour la forme" (même dans Wall Street 2, ils étaient plus pertinents), comme une signature, et j'ai quand même malheureusement l'impression qu'il a volontairement calmé le jeu, qu'il n'est plus le mec vénère de jadis.
Même dans le fond, Savages ne donne pas l'impression d'un réal prêt à se battre, mais d'un auteur quelque peu désabusé. Le film n'a de cesse de faire état de la corruption (au sens propre comme au sens figuré) de tout un chacun, amené à tuer, à trahir, à vendre, à se vendre, etc. Où même le botaniste buddhiste devra se salir les mains et où le gouvernement, aussi pourri soit-il, s'en sortira toujours.
Durant le débat suivant la projection, Stone dit que la Guerre contre la drogue déclarée il y a 42 ans par Nixon est en réalité une guerre pour l'argent, et le pouvoir. Et enchaîne en déclarant que son film, comme toute sa filmo, porte là-dessus, au travers de ces 6 personnages.
Le problème, c'est qu'il s'agit encore d'un film de Stone où ce qu'en dit le cinéaste est plus pertinent que ce que le film lui-même a à montrer.
Il y a bien des pistes, oui, comme toutes ces références triviales à l'Islam ("anodines" a répondu Stone à ma question) et surtout dans le background du personnage de Chon, et le fait effectivement de montrer comment le soldat américain envoyé tuer des afghans et des irakiens adoptent les méthodes de ceux-ci pour faire son biz sur le sol américain, et le parallèle entre la sauvagerie des cartels et celle des terroristes, substituant une guerre pour une autre donc (la Guerre contre la Terreur/l'Afghanistan/l'Irak et la Guerre contre la drogue), mais c'est un sous-texte qui reste trop superficiel sous toutes ces couches de film de gangsters relativement conventionnel.
Je rejoins un peu l'avis de Qui-Gon du coup, même si pour ma part j'ai davantage apprécié le duo d'acteurs principal (Aaron Johnson de Kick-Ass, méconnaissable, et Taylor Kitsch bien plus à sa place ici que dans des grosses machines comme John Carter et surtout Battleship) et je crois que, malgré la voix off didactique relou, je préfère le début à la fin (qui ne me gêne pas dans son dénouement, mais dans sa présentation sous cette forme, franchement inutile).
3,5/6
C'est pas du RIP mais ça commence à pencher vers le RAS. Ce qui est presque pire.
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