Forum de FilmDeCulte

Un jeune camionneur se perd dans la campagne russe. Il croise un vétéran malheureux, une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus... Plus il tente de retrouver le chemin vers la civilisation, plus il découvre que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité.

Plus que le film radical ou hardcore qu'on voulait y voir, ce premier film d'une noirceur absolue, qui fait preuve de qualités évidentes dans la direction d'acteurs héritée d'un passé de documentariste, ferait davantage penser à du Mungiu dilué dans dju Seidl, où les personnages tous plus antipathiques et irrécupérables les uns que les autres évoluent dans un univers archi plombant et porté sur un dégoût hautement misanthropique de l'autre. En fait, Mon bonheur serait plutôt un anti-Outrage où le sort des personnages n'est réglé avec pertes et fracas qu'au moment où on se croit installé dans un confort austère à la lisière de l'ennui. Mais force est de constater que ce Loznitsa n'est pas un manchot non plus.
4/6

Annoncé comme un long métrage radical par Thierry Frémaux lors de la traditionnelle conférence de presse, Mon bonheur de Sergeï Loznitsa est un tour de force formel et narratif qui a laissé sur sa route de nombreux spectateurs en chemin. Pour sa première incursion dans le cinéma de fiction, le documentariste ukrainien multiprimé à travers le monde nous offre une vision particulièrement désespérée de son pays, avec l’odyssée funèbre d’un chauffeur routier innocent et naïf. Celui-ci s’écarte de la route officielle pour s’aventurer au cœur de la campagne russe, sur les conseils d’une jeune prostituée qu’il recueille en chemin. Il découvrira bientôt que l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.

No Man’s Land barbare

Voilà pour le résumé de l’intrigue principale. Mon bonheur ne suit pas une ligne droite narrative et le film s’égare – comme le personnage principal – sur de multiples pistes narratives qui reflètent l’état d’un pays en totale décomposition morale, toujours traumatisé par la seconde guerre mondiale. Malgré une mise en scène parfois impressionnante – la scène du marché, la séquence finale -, le propos est si antipathique – on boit de la vodka, on tabasse le faible et on le vole – que le calvaire de Georgy ne provoque aucune émotion. A mi-film, victime d’un méchant coup de bûche, l’homme ne devient plus qu’un corps sans réaction affective, que l’on viole et que l’on bat, la plupart du temps pour le plaisir. Et comme aucune issue de secours n’est envisageable dans ce No Man’s Land barbare et inhumain, dont le seul langage paraît être la violence, Mon bonheur ne devient plus que théorique et froid, un objet filmique à la précision chirurgicale pour asséner un discours misanthropique d’une noirceur absolue.

2-3/6

Effectivement le buzz cannois le présentait comme un électrochoc, le film coup de poing du festival et c'est alors à peu près tout le contraire. C'est une espèce de ballade supra lente dans une Russie qui tombe en morceau de tout les côtés aussi bien matériellement que humainement. Et si l'odyssée mythologico tragique du routier qui finit par se transformer en Golem terrifiant est passionnante, tout les espèces d'à-côté narratifs m'ont totalement laissé sur le carreau (alors que la presse se branle dessus et y voit un tour de force scénaristique). D'où un film bancal et un peu raté dans son entreprise mortifère de froideur terrifiante. Tiens c'est marrant comme DPSR j'ai exactement pensé à un mix Mungiu (et les nouveaux roumains en général) et Seidl. Même exploration d'une misère édifiante par le biais d'un regard impuissant, presque nihiliste.

3/6

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CroqAnimement votre

Grand fan de ses documentaires, j'ai trouvé cette première fiction complètement sinistre et chiante. J'attendais aussi Loznitsa sur la forme, et on se retrouve avec des artifices éculés de la modernité, les plans fixes interminables et légèrement portés, l'ennui mou mais en vague tension pour tout moteur esthétique, on se serait cru dans du Mungiu, en effet, soit de la caricature de naturalisme misanthrope de l'Est. Grosse déception.

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En fait, je m'attendais à un film chiant. Et bien pas du tout!

Je trouve la première heure sublime. Il y a vraiment des plans et des séquences assez ébouriffantes: le marché, les épisodes durant la guerre... De manière générale, je me régale avec la mise en scène de toute beauté et d'une puissance d'évocation assez rare.

Après c'est un premier film (de fiction) et on sent que ça baisse un peu dans la seconde moitié. Le fait que le film part sur un portrait assez noir de l'être humain au détriment de toute narration ou intrigue n'est pas vraiment gênant, mais on sent Loznitsa un peu trop moraliste et donneur de leçons dans cette seconde heure. Et puis ça me passionne moins le passage avec le camionneur barbu. Par contre, je trouve la dernière scène dans le poste absolument géniale.

Bref, le film me passionne et ça me donne furieusement envie de voir Dans la brume. Si c'est du même tonneau que les deux épisodes durant la guerre et que Loznitsa confirme son immense potentiel, je suis preneur.