Forum de FilmDeCulte

VO : Wai dor lei ah yut ho



Enfant, Cheng Lai-sheung pouvait admirer le quartier Victoria de Hong Kong depuis les fenêtres de l’appartement familial. Elle s’est juré qu’un jour elle s’offrirait un appartement sublime avec la même vue. Les années ont passé, et Cheng n’a pas oublié son serment. Elle assume deux jobs en même temps et va même jusqu’à voler des données pour les revendre à la concurrence. Mais elle ne va pas en rester là !

Film d'horreur assez atypique qui prend pour background un problème douloureux à HK (aussi bien que dans les grandes métropoles chinoises désormais), même si la construction est lâche : des allers-retours pas toujours chronologiques entre un carnage brutal qui vire à la limite du burlesque, et la construction psychologique et sociale de la tueuse. Peut-être est-ce un peu trop signifiant, et l'on se dit que cet éclatement artificiel rend finalement moins conséquent les actes commis par l'héroïne, l'engrenage et le basculement passant à la trappe. Outre le démonstratif, on sent que ça a surtout vocation à maintenir constante l'attention de l'amateur de cinéma d'exploitation et de bourrinage alors que Dream Home s'aventure bien au delà du genre. Comme quoi parfois la linéarité pourrait-être le plus audacieux...

Au delà, le réalisateur n'est pas un manchot et les différents meurtres sont très impressionnants de jusqu'au-boutisme, très à l'aise avec les différentes pièces des lofts et usant d'objets domestiques parfois improbables, n'hésitant pas à mettre en scène des combats véritablement chaotiques entre la tueuse et ses victimes. Celles se déroulant dans le second appartement virent un peu trop au trash comique et facile (l'impression qu'on veut se mettre dans la poche un public plus ados), mais là encore ça va tellement loin que la dimension horrifique du film n'a pas trop de mal à se hisser bien au dessus de la moyenne actuelle du slasher.
Toutes les scènes de bureaux à Hong-Kong sont très belles, atmosphériques tout en s'inscrivant dans un principe de confinement, l'héroïne étant au fond toujours prisonnière d'une cage réduite, de par son rapport à l'espace ou son emploi du temps compartimenté (office space, job de nuit en magasin, chambre minuscule, love hotel pour une heure...). C'est une vision de l'archipel très cruelle et assez peu vu, et en cela le film est assez original en nous exposant près de trente ans d'évolution d'une situation du logement particulièrement violente...

Mention à l'excellente Josie Ho qui a une bonne partie du film sur ses épaules quand même.