La meilleure idée du monde : rentrer dans la salle de la cinémathèque pour une séance de 3h40 sans entracte en se disant innocemment "tiens, j'aurais bien envie de pisser". 3h40 plus tard et un intérêt soudain pour le port des couches, j'approchais surtout chaque minute du film en mode TIENS ÇA FERAIT UNE BONNE SCÈNE DE FIN ÇA PITIÉ. Pas trop en condition pour bien recevoir tout ça, sans doute.
Pas transcendé aux larmes, donc, mais néanmoins comblé par l'ampleur du film, qui ne tient pas seulement à sa longueur. C'est aussi celle du projet un peu fou de proposer un bilan définitif de la Nouvelle vague comme de Mai 68, mais aussi le paradoxe de la forme minimale et intime que prend le film pour s'y atteler, et son insistance à faire fleurir toute sa dramaturgie de l'ennui et du rien, sans être chiant une seconde pour autant. Et puis, c'est bête, mais j'ai aussi été touché par sa dimension comique, le fait qu'un film voie aussi grand et qu'il n'ait pas pour autant à jouer au grand sentencieux.
J'arrive à suivre émotionnellement le film dans ses circonvolutions (pourtant nombreuses et tortueuses) jusqu'au monologue de Veronika. Dans ces dernières scènes, on rentre à mon goût dans un mode assez aléatoire, dans le sens où j'aurais pas été plus choqué s'il devait se passer autre chose (voire exactement l'inverse) de ce qu'Eustache propose ici. J'ai sûrement raté une station, mais je décroche, avec l'impression que le tableau que fait Eustache de la situation, comme de l'époque, n'offrait pas réellement d'issue, ni de résolution possible.
