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Le Silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)
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Auteur:  Tom [ 05 Mai 2011, 02:02 ]
Sujet du message:  Le Silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

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1941, un village français occupé. Un vieil homme et sa nièce se voient contraints par la Kommandantur de loger un officier allemand. Celui-ci, féru de culture française et partisan d'un rapprochement entre les deux peuples, vient chaque soir leur parler. Mais ses deux hôtes lui opposent un inébranlable silence...


Grand saut à l'autre extrêmité de la filmo de Melville, avec un film qui me fait encore d'avantage penser à Bresson, bien que la pureté du style soit ici mixée à quelques manies de l'époque (tout comme l'était Les dames du bois de Boulogne, d'ailleurs). Ce n'est pas tellement de la maladresse, mais une certaine indécision de ton qui frappe parfois le film et qui fait un peu peur, notamment au début. La musique pas très pensée, l'utilisation de la voix-off au rôle parfois hésitant, l'insert de choses à mon sens hors-sujet (les chambres à gaz ou les fusillés, je comprend qu'à l'époque on veuille en parler, mais ca n'a pas grand chose à voir je crois avec ce qui se trame), tout ça laisse parfois un peu dans le flou concernant le ton exact de l'entreprise, l'endroit où le film veut nous amener. Je pinaille, ca parasite quelques séquences tout au plus.

Je suis assez enthousiasmé par le choix de ne jamais quitter (ou presque) le salon, de ne pas essayer de varier en multipliant les pièces ou les situations (deux mini-sorties pour la nièce et le vieil homme, c'est tout), d'avoir l'assurance et l'absence de peur de savoir que tout se jouera là, dans cette espèce de confrontation à trois visages. Ce sont eux, justement, qui architecturent l'espace et le renouvellent sans cesse : le visage Frankensteinien de la bête, le profil têtu verrouillé de la belle, le calme opaque du vieux témoin. Même si ça ne change rien à son degré de maîtrise, impressionnant pour des débuts, ce Melville plus jeune m'a l'air par moments moins mesuré, faisant preuve en somme de moins de tenue (angles fous, symbolique chantante), plus enthousiaste et emporté : si le film me fait oublier ses quelques défauts, c'est aussi pour cette trajectoire très pure vers une explosion d'émotion - tout comme chez Bresson, là encore, une retenue ferme verrouillant tout le film finit par faire d'un simple plan de face un torrent de lyrisme.

Surtout, j'adore voir comment, à mes dépends, Melville construit une progression formelle souterraine qui me prend par la main et me narre l'histoire avec beaucoup d'évidence : on pourrait presque recomposer l'histoire du film en alignant juste les façons d'éclairer le fameux profil, jusqu'à la justesse parfaite de ce contre-jour douloureux à la lumière grise, un simple reflet posé sur l'œil éteint de la jeune fille... Malgré ses déséquilibres, le film me semble tellement riche formellement qu'il semble pouvoir accueillir de multiples histoires qui cohabitent harmonieusement en son sein. La relation à la famille filmée comme une histoire d'amour (sublime scène à la mairie dans le miroir). Ou l'impression de voir le cinéma de genre tenter de se faire accepter, et de se marier par un certain cinéma traditionnel (fracassante entrée du visage blafard dans la nuit)...

Bref, film un peu déséquilibré, au début un poil mou, mais riche riche riche ! Je me faisais y a pas longtemps la remarque qu'à part Bresson, j'avais bien du mal à trouver dans le cinéma français des "réals préférés". A moins que le reste de sa filmo ne comporte que des bouses, je crois que Melville est bien parti pour le rejoindre au panthéon. Et le fait que ce film, à ce que je vois, ait connu un succès public, rend ce cinéaste d'autant plus enthousiasmant.




Sinon, heureux d'avoir enfin compris d'où venait le plan et la phrase entendus dans le sublime court-métrage de Godard :


Auteur:  Cosmo [ 05 Mai 2011, 06:02 ]
Sujet du message:  Re: Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

J'avais beaucoup aimé... Vu il y a longtemps et j'avais immédiatement enchainé avec le (court) bouquin. Je n'ai vu que peu de Melville (Le Doulos, Le Samouraï, Le Silence de la mer, pas forcément les meilleurs) mais c'est du très haut niveau.

Auteur:  Z [ 05 Mai 2011, 15:03 ]
Sujet du message:  Re: Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

J'adore le bouquin, j'avais beaucoup aimé le film. Je vais sûrement choper le BR à l'occaz pour le redécouvrir.

Auteur:  karateced [ 05 Mai 2011, 15:30 ]
Sujet du message:  Re: Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

en zappant sur les critiques j'ai lu d'abord "le silence de ta mère". c'est horrible.

Auteur:  Film Freak [ 05 Mai 2011, 15:33 ]
Sujet du message:  Re: Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

karateced a écrit:
"le silence de ta mère". c'est horrible.

Oui je préfère quand elle crie, la tienne.

Auteur:  karateced [ 05 Mai 2011, 15:34 ]
Sujet du message:  Re: Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

bon courage.

Auteur:  Film Freak [ 05 Mai 2011, 15:36 ]
Sujet du message:  Re: Le silence de la mer (Jean-Pierre Melville - 1949)

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