J'ai toujours adoré ce Besson, qui s'avère chaque année qui passe, le plus supportable de son auteur. Mais je découvrais enfin cette version longue. Et j'avais peur que le film se ramasse.
Ah ouais quand même, c'était vachement plus tendancieux ! La relation Léon - Mathilda fait évidemment écho à sa relation de l'époque avec Maïwenn, tombée amoureuse de lui à 13 ans (et après ça condamne Polanski dans la presse, la blague !). Alors ça passe parce que Jean Réno joue son personnage comme un gamin un peu attardé, mais on est loin de la classe d'un Lolita ou d'un Beau-père sur le sujet. Besson ne veut pas choquer, c'est clair, il ne fait qu'exorciser ses goûts spéciaux pour les jeunes filles, en l'utilisant pour caractériser ses personnages. Tout en pompant allègrement Gloria et Taxi Driver, d'ailleurs. Heureusement que Portman est sublimissime et qu'elle transcende pas mal de répliques bidons !
A propos des références (nombreuses, même si bien digérées pour la plupart), je le vis comme une sorte de trahison, puisque j'ai vu Léon avant les quatre films que je viens de citer, et donc forcément la culture inversée m'a frappé en plein coeur ! C'est chiant d'adorer un film tout jeune en pensant que c'est frais et nouveau, pour s'apercevoir avec le temps que la seule nouveauté de ce film, c'était qu'un français puisse réaliser sans rougir un blockbuster d'action.
Aujourd'hui, fatalement, je suis débarrassé de cette espèce de fierté mal placée, comme de ma jeunesse. Et je constate que d'un point de vue mise en scène, c'est une réussite. Pas de montage frénétique, pas de courte focale à la Jeunet, pas de recherche de l'efficacité à tout prix, pas d'image qui tente d'imposer une poésie, mais des plans bien construits qui prennent le temps, simplement. Pas de faute de goût et même quelques images profondément marquantes (Mathilda qui espère que Léon lui ouvre + toute l'attaque finale). On peut ajouter la direction d'acteurs, très bonne (Oldman est limite, mais bon), le look des persos, la photo d'Arbogast etc. J'adore tout ça. Les mecs voulaient bien faire et en mettre plein la vue, sans oublier d'être personnels et proches de l'histoires, l'équilibre est parfait. J'adore même le score de Serra, c'est dire !
C'est sur l'écriture du film que je suis dubitatif. Y a plein de petites choses que j'aime bien (même si ça reste dans l'ensemble trop naïf), d'autres qui m'agacent (Léon qui s'échappe à la fin, c'est Hannibal Lecter dans Le Silence des Agneaux, et ainsi de suite...) et quelques trucs qui me gavent (Mathilda qui répond 100 fois "ok", la pauvreté des dialogues en général). Si l'on prend la scène du jeu des personnifications... putain c'est une bonne idée, mais c'est monté et réalisé de façon assez grossière, et surtout ça démontre l’incommensurable envie de séduire le public américain... alors je ne condamne pas, parce qu'encore une fois l'idée de base est plutôt mignonne, et il crie ouvertement son amour pour le cinéma US mais... c'est pas mal putassier quoi. Y a clairement une gêne qui naît chez moi aujourd'hui, que je ne ressentais pas à 15 ans.
Malgré tout, ce film reste l'un des meilleurs spin-off du cinéma, et parmi les plus chouettes revenge movies.
5/6