Reazione a catena en VO.
La Baie est un magnifique domaine, convoité par tous. La propriétaire Federica Donati, une vieille comtesse paralytique, refuse de vendre. Un soir, elle est tuée à son manoir, dans une mise en scène poussant la police à conclure au suicide...
Après avoir re-contrasté et re-saturé la gueule du master Arrow tellement fadasse qu'on dirait que c'est fait exprès, j'ai donc pu goûter à mon premier Bava en couleur, n'ayant vu jusqu'ici que deux de ses noirs et blancs, qui m'avaient surpris dans le sens où je les trouvais plutôt sages (dans le bon sens du terme : classiques, mesurés, plutôt affiliés à l’effroi noble tendance Tourneur/Fisher, maniant habillement l'horrible à distance plutôt que d'en jouir en en foutant partout). Je suis content de voir que cet équilibre, cette solidité, est préservé au sein de ce cinéma plus tardif et plus franchement gore. Les éclats d'horreur sont cash et maniérés (factices, rouges qui splashe et qui coule), mais ils sont distillés savamment, toujours investis d'une place précise dans la scène qui leur donne un rôle plus riche que celui de simples images défouloirs répétées à l'envie. C'est d'ailleurs limite le sujet du film : comment la vue de l'horreur va transformer les gens. Dès que quelqu'un a vu, dès qu'il a été touché par la grâce du gore, il passe de victime à bourreau. Cet aspect du récit est assez passionant, l'histoire abandonnant de toute façon assez rapidement l'enquête policière pour une sorte "d'aventure de la mise à mort", comme si c'était là la vraie péripétie - avant les histoires de domaine. De la pendaison hitchcockienne et élégante en ouverture aux décapitations Z et coups de fusils ludiques auxquels le film aboutit, Bava semble refaire en miniature l'évolution du cinéma d'horreur.
Après, sans que ça me tombe des yeux, je partage en partie vos réticences : ça manque de densité, de force et de profondeur. C'est pas aidé par un scénar un peu foireux rempli d'archétypes et de facilités (jusqu'à la fin, interdite pour moi : c'est logique dans le principe, mais ça donne vraiment l'impression que le réal se fout de ce qu'il raconte), même si le script n'est pas dénué d'idées intéressantes (notamment la structure, la disparition étonnamment précoce de certains personnages, le saut de persos à d'autres). Il y avait de belles choses pas creusées, notamment du côté du perso de Simon, qui auraient vraiment pu être mieux exploitées.
Je me demande un truc, pour les specialistes : dans la généalogie du ciné horrifique, il se situe où ce film ? Je trouve qu'il y a limite un côté très slasher US au début, qui dévie du style qu'on attend comme héritier logique de ce cinéma (Argento, grosso-modo). Ça se case où ?
EDIT : sinon, j'ai vu la version anglaise. Si quelqu'un a des détails sur les différences (et sur quelle version est censée être la "vraie") je suis preneur, ça a l'air d'être un beau bordel.