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Johnny Mad Dog (Jean-Stéphane Sauvaire - 2008)
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Auteur:  Karloff [ 26 Nov 2008, 10:18 ]
Sujet du message:  Johnny Mad Dog (Jean-Stéphane Sauvaire - 2008)

Produit par Mathieu Kassovitz et présenté dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, Johnny Mad Dog, premier film de fiction de Jean-Stéphane Sauvaire a un cachet "auteur". Son point de vue documentaire sur les guerres tribales en Afrique éclaire d'une réalité des plus sordides, de l'embrigadement des jeunes enfants par des mercenaires adultes assoiffés de pouvoir à l'utilisation de la drogue pour doper le moral des troupes, en passant par l'inévitable scène tragico-absurde mettant en scène des soldats de l'ONU impuissants. Dans l'épais dossier de presse, Jean-Stéphane Sauvaire explique son plan de bataille et raconte comment il a trouvé ses acteurs, anciens enfants-soldats désormais rangés des bataillons. Par souci d'authenticité et pour ne pas politiser à l'extrême son discours, il a choisi de ne pas localiser le conflit. C'est peut-être là que le bât blesse. Jean-Stéphane Sauvaire filme la guerre comme dans un jeu vidéo, adoptant-là le point de vue le plus évident, partageant même, en quelque sorte, la fascination des enfants pour l'imagerie hollywoodienne (ils se donnent volontairement des prénoms à consonance anglo-saxonne). Bien sûr, le réalisateur et l'équipe du film ne cautionnent pas les atrocités commises en Afrique, mais comme un reportage du Droit de Savoir, ils "spectacularisent" le réel, pour mieux impressionner le spectateur. Et ce n'est pas la scène finale, évidemment atroce, qui rassure sur les intentions des auteurs, bien conscients du film choc qu'ils sont en train de réaliser. On ne peut nier, cependant, l'insupportable efficacité du film.

3/6

Voilà un film qui a questionné ma morale.

Auteur:  Art Core [ 26 Nov 2008, 12:30 ]
Sujet du message: 

Totalement d'accord avec ça mais bon ce n'est pas le premier non plus. C'était exactement pareil (voir pire) dans la Cité de Dieu. Il y a toujours cette dichotomie permanente entre dénonciation et spectacle et c'est assez difficile de se situer.
Après le film est très brute et très efficace et il y a clairement un côté post-apocalyptique dans cette guerre abstraite avec ces déguisements surréalistes, ce décors à l'abandon et cette violence qui paraît parfois carrément grotesque. Cela donne au film une identité mais également ses sérieuses limites car je ne pense pas que le spectateur fasse beaucoup cas de ses enfants sacrifiés à la fin de la séance. Du moins pas beaucoup plus qu'en y entrant et c'est le plus gros échec du film.

3/6

Auteur:  Karloff [ 26 Nov 2008, 12:34 ]
Sujet du message: 

Dans la Cité de Dieu, il y a une volonté d'accrocher le réel du Brésil et de saisir la "générosité" et la fougue des enfants des favelas... Là c'est plus l'absence de localisation qui renforce le "a quoi bon"...

Auteur:  Art Core [ 26 Nov 2008, 12:57 ]
Sujet du message: 

Oui c'est pas faux, la richesse du scénario donnait plus à voir et à ressentir la vie là bas alors que là c'est la guerre et rien d'autre. Mais je crois que Sauvaire avait envie de faire un film de genre en même temps qu'un film humanitaire et on se rend bien compte que ce sont deux choses incompatibles.

Auteur:  DPSR [ 07 Juin 2009, 03:40 ]
Sujet du message:  Re: Johnny Mad Dog (Jean-Stéphane Sauvaire - 2008)

Puissante immersion dans une immédiateté toute documentaire dans un commado d'enfants soldats remarquables de vitalité et de dureté, auquel se greffe l'immanquable question d'une complaisance dans la violence entre victimes et bourreaux. Comme pour Polytechnique, je trouve va au-delà de l'image choc pour questionner la morale du spectateur face à la spirale de l'embrigadement, sans aucun effet de manichéisme. Sinon à quoi bon s'attaquer à un tel sujet?
4-5/6

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