Quatre randonneurs sont confrontés à l'horreur dans le Désert des Mojaves, aux Etats-Unis.
Flemme de caviarder ce texte d’innombrables balises spoilers, avis à lire à vos risques et périls.
Film d’horreur au budget microscopique (15,000 $), sorti dans une relative indifférence en France sur Shadowz fin Octobre bien que (semble-t-il) auréolé d’une solide réputation outre-Atlantique, il n’est apparu sur mon radar qu’au moment de la parution du top de fin d’année du magazine Slant, le classant aux cotés des pures merveilles que sont (liste non exhaustive) The Plains ou Pacifiction. Top où apparaissait également un autre film de found footage (Skinamarink), pas vraiment apprécié en ces lieux, sans compter que le cinéma d’horreur et moi nous n’avons jamais eu une relation particulièrement soutenue… Tout cela ne m’engageait que moyennement à le voir, ce que je me suis tout de même motivé à faire, et bien m’en a pris.
Pour rebondir directement sur les remarques de Film Freak, d’abord sur le fait que The Outerwater serait un simili-Blair Witch, ça tombe bien puisque c’est très exactement le seul autre film de found footage que j’ai vu, et que je l’ai copieusement détesté. Et au-delà de ce qui définit ce sous-genre, les deux ne partagent absolument rien. Ce qui explique aussi les notes particulièrement mauvaises que The Outwater se trainent sur IMDb ou Letterbox : nul doute que la majeure partie de la clientèle habituelle de ce type de production s’est sentie largement flouée. Sur bien des points. D’une parce que dans sa première partie Banfitch semble n'ambitionner rien d'autres que de saper toutes les habituelles attentes du spectateur de film d'horreur. A la louche 40 minutes d'expositions, sans autres enjeux dramatiques que de découvrir assez platement nos 4 futures victimes, sans menaces latentes (hormis deux tremblements de terre assez puissants, ce qui semble être le quasi quotidien des californiens). Il a déjà du perdre 50% de son audience durant ce laps de temps. Le film prend ensuite un tout petit plus d'ampleur lorsqu'ils arrivent dans le désert des Mojaves, mais surtout par la beauté du cadre, parce que pour le reste ça n'est pas beaucoup plus palpitant (petite balade dans les collines, chansonnettes au coin du feu...). A ce stade la police vient de terminer le visionnage de la 2ème des 3 cassettes récupérées, et d'horrifique il ne s'est absolument rien passé. Puis vient la 3ème cassette, la 2ème nuit et autant d'orage (où ce qui y ressemble), et là les choses s'emballent.
L'une des forces du film tient pour moi vraiment à ce qui précède, à la nécessité de déshabituer le spectateur à ce type de production ultra-formatée, où les ressorts de la frousse sont usés jusqu'à la corde, ou les jumps-scares s'enchainent à un rythme toujours plus effrénés. Comme une volonté de re-virginiser son audience. Et ça marche, tant que l'on accepte de se laisser porter par un rythme plutôt languide et que l'on ne place pas ses attentes au-dessus de l’œuvre qui nous est montré à voir (en tout cas pour moi ça a marché). S'ensuit donc la dernière partie, long ride nocturne éclairé à la lampe de poche, où l'on ne discerne pas grand chose (voir parfois absolument rien), globalement totalement incompréhensible (entre boucles temporelles, visions fantasmagoriques, combat contre les forces naturelles - notre héros semble par ailleurs muer, ce que confirmerait la dernière partie, et ce qui m'a par ailleurs fait lui trouver une certaine parenté avec La Montagne), en tout cas au moins qu'un Inland Empire. Je regretterai juste que le film dur 5 minutes de trop dans une séquence sanguinolente un peu puérile. Mais l'ensemble reste malgré tout fort, porté par une bande sonde exceptionnelle sur toute la longueur du film. En espérant que d'autres que moi se laisse tenter par cette expérience, elle en vaut la peine.
Müller, mate le.
