Je réalise que je n'avais vu que deux autres films de Guédiguian. La ville est tranquille que j'avais beaucoup aimé mais dont je me souviens juste de sa fin très noire et Les neiges du Kilimandjaro dont j'ai absolument aucun souvenir.
Je suis allé voir celui-là parce qu'il remplissait ma pause déjeuner et pour faire court j'ai quasiment détesté. J'ai trouvé le film très maladroit dans sa construction, voulant créer un récit choral avec de nombreux personnages, voulant mêler l'intime à la vie de la cité, le romanesque à la réalité mais pour moi rien ne fonctionne. Tout est très forcé, totalement artificiel, recouvert d'une musique lourdingue, jamais organique. Des personnages paraissent superflus (Gérard Meylan qui semble n'être là que parce que c'est un fidèle du cinéaste, le personnage de la jeune infirmière...), l'espèce de coeur dramatique sur l'élection municipale à laquelle se présente (ou pas) Ariane Ascaride est totalement laissé en friches. En fait on un peu l'impression que le film avance à vue en se dispersant énormément suivant ici un personnage, là un autre sans que l'ensemble ne fasse jamais corps.
L'autre problème peut-être grave c'est le côté engagé d'une grossièreté rédhibitoire. On a souvent critiqué (moi y compris) la lourdeur militante des derniers films de Ken Loach mais en comparaison c'est d'une subtilité rare. Là il faut voir vraiment des thèses ou des problèmes exposés le plus platement du monde dans des dialogues d'une faiblesse quand même... Comme lorsque la jeune infirmière, fatiguée, fait une tirade sur l'état de l'hôpital après le covid. Voilà ça a pris 2mn, Guédiguian a dénoncé l'état des hôpitaux publics en France. Ridicule. Ou quand Grégoire Leprince-Ringuet (acteur calamiteux au charisme négatif) décide de partir soigner les soldats en Arménie. Sa femme lui dit "non c'est trop dangereux". Deux scènes suivantes elle vient le voir et lui dit "il faut que tu partes". C'est deux dialogues, il y a rien entre les deux. Voilà Guédiguian parle du sacrifice de certains d'aller aider des combattants dans des luttes légitimes. Et tout le film est comme ça, des trucs totalement plaqués qui n'ont rien de sincère ou de naturel mais juste des bouts de ce qu'il veut raconter et qu'il pose comme ça.
Il y a une certaine tendresse, la dernière scène du discours est touchante mais l'ensemble pèse une tonne et fait terriblement film de boomer (et c'est quoi le truc avec l'accent marseillais pas du tout constant notamment Ascaride et Stévenin qui au cours de la même scène c'est accent pas accent ?).
1/6