Une rencontre fortuite née d’une déception, un vernissage où personne ne vient et un nouveau membre dans la famille : trois histoires s’entrecroisent et révèlent des vérités jusque-là bien enfouies.
Après Hospitalité il y a 2 ans, on remonte encore plus loin dans la cinématographie de Koji Fukada avec cette fois la sortie de son second long métrage. Et s'il faut certes passer outre une image numérique à la définition assez limitée (assez proche de celle du Passion d'Hamaguchi), j'ai été positivement surpris par son extrême finesse d'écriture, qui le rapprocherait justement du cinéma de Hamaguchi, la structure en 3 histoires n'étant pas sans rappeler celle des Contes du hasard et autres fantaisies, d'autant que les deux réalisateurs flirtent un peu avec les mêmes plates-bandes, Fukada n'ayant jamais accordé une importance aussi primordiale à la parole, au poids des non-dits et à la puissance de ses révélations tardives. Petit plus ici, les 3 histoires étant clairement distinctes il prend malgré tout un malin plaisir à les enchâsser, faisant des protagonistes principaux de l'une les figurants des deux autres, et ce jusque dans les plus infimes éléments scénographiques (la carnet de grossesse de la 3ème histoire que l'on retrouve perdu dans le théâtre de la 1ère).
Pour en revenir à la finesse d'écriture, j'avais été enthousiasmé par Au revoir l'été, mais j'étais depuis beaucoup plus circonspect sur sa période qui va de Sayonara jusqu'à L'Infirmière. Le propos était beaucoup plus appuyé, et on ne retrouvait plus non plus la causticité qui faisait le charme de ses films précédents. Plaisir donc de retourner aux sources ici, son humour allant de pair avec un regard assez cinglant sur la société japonaise, en particulier la difficile place de l'individu au sein d'une société corsetée et aux pesantes conventions. Solitudes et mensonges semblent en être les résultantes inévitable, le tout culminant dans les dernières minutes de la troisième histoire où le dernier monologue laisse place à la sidération. Avec Au revoir l'été, certainement l'un des meilleurs films de son auteur.
