Une jeune Finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.
J'aime bien la formule de je ne sais plus quel journaliste français qui trouve que le film brille par son anti virtuosité. Formule très juste et qui correspond parfaitement à ce grand prix du jury cannois. Dans un premier temps, on trouve le film assez anodin et avec un programme très simple et maintes fois vu au cinéma. Au cours d'une expédition en train, Compartiment N°6 va raconter l'histoire d'amour entre deux être opposés que rien ne rapproche a priori. C'est donc un thème rebattu, maintes fois vu et revu au cinéma. Pas passionnant de prime abord, voir anti séduisant au possible mais la manière de raconter cette histoire n'est elle pas banale et c'est typiquement le film dont on n'attend strictement rien et qui, au final, nous bouleverse.
Juho Kuosmanen, dont c'est le deuxième film, est un cinéaste singulier et au talent monstrueux. Par petites touches subtiles, il arrive à nous plonger dans son histoire. On a l'impression d'avoir le film dans la peau, de vivre cette connexion entre ces deux individus et ces deux solitudes. Bien aidé par deux acteurs formidables, il y a surtout une justesse dans le regard et le ton qui fait toute la différence et est assez originale. Film antispectaculaire au possible, c'est presque dénué de péripéties, et pourtant on ne s'ennuie pas. On vit cet amour naissant atemporel, jamais le cinéaste ne cède aux sirènes de la psychologie et du sentimentalisme, on s'identifie pleinement à notre duo, on boit avec eux, on rit avec eux, on voyage avec eux. Car Compartiment N°6 est avant tout une ode au voyage, à la beauté du monde et aux relations humaines. Rarement, un film n'aura aussi bien saisi le moment tournant où deux êtres vont s'attacher l'un à l'autre.
Discret mais touché par la grâce, le choix de ce road-movie aussi haut au palmarès cannois est totalement justifié. Ce film est une merveille. L'impression ni plus ni moins de voir la révélation d'un grand cinéaste. Tentez les hésitants! Et puis pour une fois qu'un des films favoris de Cannes de Karloff n'est pas asiatique
5/6
