Laure est une petite fille voudrait être un garçon. C'est ce qu'elle fait croire à ces nouveaux amis dans le quartier où elle vient de déménager.
Je n'ai pas vu Naissance des Pieuvres et je découvrais le film sans trop savoir à quoi m'attendre. C'est un film profondément émouvant parce qu'il est témoin d'une ambigüité terrible pour le personnage principal. Lui est heureux en garçon mais ce n'en est pas un et il ne peut prétendre que durant un laps de temps réduit et il est condamné à la fuite ou à l'humiliation. L'ambigüité entre ce que l'on est et ce que l'on veut être. Et tout ça s'exprime avec une infinie finesse dans le film à travers le regard. Le regard sur soi et le regard des autres. Le film ne passe jamais par un autre biais que par celui du regard et ce qui est beau c'est qu'il se met à hauteur d'enfants. Qu'il n'est jamais dans la position d'un adulte regardant (racontant) l'histoire de cet(ces) enfant(s). Il n'y a qu'à voir avec quelle simplicité le subterfuge est révélée pour réaliser à quel point Sciamma peint par petites touches sensible une situation à priori sujette à polémique. Mais rien de cela ici, pas de provocation ou au contraire d'aveuglement par peur de choquer. Sciamma montre son histoire comme il se doit avec une frontalité toute naturelle et digne de ses personnages.
Très beau film sur l'enfance, très beau film tout court.
5/6