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A l’occasion de la sortie des Parrains, Gérard Lanvin s’est livré à DHnet.be, et de fort étonnante manière. L’acteur, en effet, y annonce prévoir sa retraite pour dans cinq ans: "Le 1er janvier de ma 61e année, j'arrête tout. Je prends ma famille, un camion, et je fais le tour du monde. J'ai envie de ne plus vivre dans l'attente, dans l'angoisse du nouveau rôle, mais de m'ouvrir aux autres, de découvrir d'autres choses, d'avoir la liberté de rester aussi longtemps que cela me plaît où je veux. Comme ma femme est d'accord avec ça, il n'y a aucune raison de ne pas en profiter. Ce métier représente tout pour Michel Bouquet. Pas pour moi. J'étais forain avant, je ne suis entré dans ce métier que par hasard, je viens de la rue et je vais y retourner. Sans regret. Cela me rassure de me dire que je ne serai plus regardé tout le temps, que je pourrai revivre comme tout le monde".
Lanvin explique son envie par la peur de la saturation: "J'ai toujours eu peur de faire le film de trop. Et j'espère que je ne terminerai pas dans cinq ans avec le plus mauvais de ma carrière! Mais, même si cela arrivait, ce ne serait pas trop grave: on ne retient jamais le dernier. Moi, je fonctionne par dizaines. De 10 ans à 20 ans, c'est le plaisir, l'absence de responsabilité. De 20 à 30, on prend conscience qu'il va falloir faire des choix. De 30 à 40, il faut les opérer. De 40 à 50, on est en pleine possession de son énergie pour exercer au mieux son métier. De 50 à 60, il faut conclure. Comme ça, de 60 à 70 ans, on peut profiter d'une vie tranquille. Parce que, après, on est vieux..."
Du même coup, l’acteur en profite pour balancer. Ses cibles sont certes un peu faciles, mais le tir, rare dans la galaxie cinématographique de la langue de bois, fait mouche. Ainsi sur Luc Besson: "Je n'ai rien contre lui, mais quand il interdit à tous les membres d'un plateau de tournage de parler du film à qui que ce soit sous peine d'être viré, cela me scandalise. C'est du terrorisme! Il se prend pour qui? Le maître du monde? Mais qu'il aille d'abord en Irak, et on verra s'il est le maître du monde. C'est juste un réalisateur, avec ses succès et ses échecs. Il faut revenir sur terre".
Moins attendu, Michaël Youn en prend aussi pour son grade: "Il m'énerve quand il dit qu'aujourd'hui, un acteur doit faire la pute. Je me suis battu pendant trente ans contre ça. Il ne connaît rien du métier: il a fait une connerie, qui a attiré du monde, et il se prend pour un grand acteur. Mais il n'en a jamais bavé, il n'a rien vécu pour en arriver là. Qu'il commence par apprendre son métier, et puis on en reparlera. Même chose pour Arthur. Maintenant qu'il est milliardaire en ayant fait des choses pas jolies jolies, il dit qu'il a toujours rêvé d'être acteur. Et il vient sur scène en parlant juste de sa vie. Il faut être culotté, quand même. Etre acteur, ce n'est pas un métier, mais une solution, puisqu'il faut qu'on vous apporte un scénario pour travailler, sinon vous êtes au chômage, quel que soit votre talent. Mais pour ça, il faut savoir jouer. Et Arthur, qu'est-ce qu'il sait jouer, à part son propre rôle?"
Une dernière prune, enfin, pour la téloche: "Aujourd'hui, à la télé, dans les séries policières, il n'y a plus que des assassins. Plus de mecs sympas, qui avaient des valeurs, une intelligence, de beaux mecs comme on disait autrefois. Avec l'âge, j'ai envie de rôles plus épais, moins lisses, qu'on peut faire évoluer. C'est ça le truc pour un acteur: arriver avec une idée, puis la faire évoluer. […] Je ne pourrais pas, comme Roger Hanin pendant 27 ans, jouer toujours le même rôle à la Navarro. Qu'est-ce qu'on doit s'ennuyer! C'est au-delà de mes forces. Quand il n'y a plus de plaisir, il vaut mieux s'en aller. Moi, je suis de la vieille école. J'aime le travail en équipe. Je prends du plaisir à mettre les autres en valeur avec mon type de personnage, droit comme un i, qui me correspond assez bien. Le respect et la famille sont des valeurs essentielles pour moi. Aujourd'hui, seul le profit compte. Pour les acteurs ou les producteurs. Mais un jour, le cinéma français le paiera cher, de faire n'importe quoi depuis vingt ans".