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CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?
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Auteur:  Caribou [ 21 Aoû 2014, 23:57 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Je ne vois pas de pertinence dans le sujet, du moins dans les références citées et dans le terme d'antiquaire.
Gondry, il a fait The We and the I (très très bon film) qui est à l'opposé de cette tendance, Eternal Sunshine of the Spotless Mind scénarisé par Kaufman, l'adaptation de Vian, ses projets sont très variés quand bien même on voudra trouver une patte.

Même pour Anderson, ça ne me convainc pas. Ni pour Ivory. Amour pour le vieillot, etc. Bof.
Par contre, chez tous les réalisateurs que tu cites, je vois une même tendance régressive, ainsi qu'un attrait pour une fantaisie un peu enfantine (on pourrait rajouter Kusturica, ce genre de choses).

Auteur:  Tom [ 22 Aoû 2014, 09:19 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Certes pour les exceptions de Gondry, mais enfin c'est un peu bizarre d'ignorer l'omniprésence du bricolage dans sa filmo, tout de même (et rien qu'en mattant la BA du Vian, j'y retrouve déjà tout le foutoir bricolé)...

Régressif, oui, sans doute, même si pense que ça y prend toujours la forme d'une sorte de fétichisme (que je retrouve pas chez Kusturica pour le coup, intéressé par le bordel mais pas par les objets eux-mêmes).

Allez si on fait un petit bilan de tout ce qu'on a listé, là (vu qu'on finit par parler davantage de ma question - visiblement un peu foireuse - que de ce qui m'intriguait chez eux) :

Image

Auteur:  Film Freak [ 22 Aoû 2014, 20:45 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Faut voir ce que Jeunet répondait à SoFilm concernant sa vision d'un Harry Potter à la française pour constater à quel point le mec s'enferme dans la caricature...

Auteur:  Tom [ 23 Aoû 2014, 01:46 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Oh oui mon dieu c'était HORRIBLE. Le suicide en une page.

Auteur:  Tom [ 23 Aoû 2014, 12:11 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Hey Chow, j'avais raté ton dernier message !

Les occurences de cette manie dans Ghost Word je te rejoindrais aisément oui, ça me semble justement être un des échos hipster de cette tendance (un peu comme Pushing Daisies, dans un ton tout à fait différent, fleurit clairement sur ce merdier). Pas vu Minuit à Paris...

Ton exemple Minnelli est super, parce qu'à la fois sur le papier tout semble y être, et en même temps je le ressens absolument pas comme voisin de ces cinémas... Peut-être à cause de "l'embaumement", justement : dans Brigadoon, le passé est le passé, le film en a conscience, et c'est ce qui fait son gouffre de nostalgie ou de mélancolie. Oui c'est ripoliné, comme une vieille photo traditionnelle qu'on aurait ressorti d'un coffre, mais on a pas ce fétichisme qui va aller se fixer sur des usages, des objets. Ce que ce film raconte, c'est justement la perte de cet âge d'or fantasmé - quand Jeunet ou Kaurismaki font comme si ce monde avait perduré dans notre monde, façon autistes refusant la réalité autour d'eux.

Auteur:  Puck [ 23 Aoû 2014, 13:17 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Tom a écrit:
Mr Chow a écrit:
Castorp a écrit:
Il y a un gros antiquaire dont on ne parle pas ici : c'est Tarantino.


Dj ou antiquaire?

Oui voilà. Tarantino c'est un cas bizarre ("post-moderne" ?). C'est pas un astiqueur de bibelots au sens d'un maniériste fétichisant ses motifs en beuglant la mort du cinéma, c'est pas quelqu'un qui mesure l'écart entre son cinéma et l'ancien, c'est pas non plus quelqu'un qui essaie de transformer... C'est une posture assez inédite, finalement.

Puis j'ai bizarrement plus de sympathie pour ceux qui fétichisent formes et motifs, que pour ceux qui fétichisent les boîtes rouillées de calissons :D


Là où sa posture est inédite, c'est qu'à mon avis, il n'est pas post-moderne, mais plutôt, si on peut le dire "post-post-moderne" car ce qu'il aime/recycle/utilise est déjà un cinéma post-moderne, je pense notamment à Leone.

Ouais, aujourd'hui, je pinaille.

Auteur:  Tom [ 23 Aoû 2014, 13:18 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Pourquoi post-moderne, Leone ? Il en plein dedans, si on regarde les dates.

Auteur:  Puck [ 23 Aoû 2014, 13:22 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Post-moderne dans sa démarche, dans le fait qu'il utilise moults références et les digère plus ou moins bien dans son cinéma. Certes, il y a le western, mais il y a aussi à mon sens, dans Il Etait une Fois la Révolution surtout et même dans ses autres une volonté de créer à partir de codes usés par des films qui ne sont pas forcémment dans le même genre. Je ne peux pas m'empêcher de penser par exemple pour le début de ce dernier film à du Buñuel en terme de montage, de thématique rendant le truc pas experimental, mais inédit dans ce genre de films.

En gros, Tarantino emprunte à des gens qui déjà empruntent, la plupart du temps.

Auteur:  Puck [ 23 Aoû 2014, 13:23 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

(Et je ne parle pas forcément de date dans le post-modernisme, mais plutôt de définition en fait.)

Auteur:  Tom [ 23 Aoû 2014, 13:25 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Mmm ok, mais je le vois plus comme un maniériste en fait : un continuateur direct, quelqu'un qui tord les formes et les motifs classiques pour pouvoir continuer à raconter les mêmes histoires, plutôt que comme quelqu'un qui va aborder ces motifs comme des références, avoir un discours sur eux.

Bon, c'est querelle de termes c'est pas très important...

Auteur:  Puck [ 23 Aoû 2014, 13:34 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

J'aime bien cette querelle.

Je ne trouve justement pas que c'est les motifs classiques qu'il tord dans le sens où un Leone, un Godard, un Truffaut n'ont rien de classique. Tu prends même les séries B qu'il reprend, elles sont assez inédites au sein du courant dans lequel elles sont sorties.

La malette dans Pulp Fiction par exemple qui s'inspire à mon humble avis de celle dans En Quatrième Vitesse utilise du coup une référence qui n'est même pas un "classique" du film noir tant il est différent de ses contemporains.

Auteur:  Tom [ 23 Aoû 2014, 13:45 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Non je suis pas clair, je ne dis pas que Leone est un cinéaste classique : par motifs classiques, j'entends motifs issus (extirpés) de la période classique du cinéma. C'est à dire en l’occurrence ceux du western : un décor désertique, un personnage de cowboy solitaire, des duels dans une rue vide en face à face, la question de la loi dans un pays-chaos en formation... Tout ça appartient à l'origine au cinéma classique.

Ce que fait Leone, c'est uniquement exagérer et tordre ça. On va tellement exagérer le duel qu'on va faire des méga-gros plans sur les yeux. Le héros va être si solitaire et si mutique qu'on va se taper des plages de silence de 3 minutes. Le monde va être si chaotique et dangereux que tout va y être sale et repoussant. Et ainsi de suite... Mais on reste dans une logique de déformation, de trait davantage forcé : au final, l'envie est d'abord de rejouer la pièce sans avoir l'impression de ne faire que la photocopier.

Tarantino, lui, va approcher son modèle comme une référence, comme un cube dans les jeux d'enfants. Dans ma main j'ai un cube western spaghetti, dans mon autre main j'ai un cube blaxplotation. Je vais les mettre côté à côté et on va voir ce que ça produit, ce que ça raconte, ce que cette remise en situation crée. On est plus dans la déformation, mais dans la dialectisation.

La différence entre les deux, pour moi, est là.
Mais ce sont des termes ("moderne", "maniériste", "post-moderne") difficiles, dans le sens où chaque théoricien a sa propre définition. Certains font commencer le maniérisme à Sirk, d'autres ne veulent pas en entendre parler avant les années 80. Et post-moderne, j'ai jamais réellement trouvé de définition nette et commune à tous qui puisse faire autorité...

Auteur:  Cantal [ 23 Aoû 2014, 14:06 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Tom a écrit:
quand Jeunet ou Kaurismaki font comme si ce monde avait perduré dans notre monde, façon autistes refusant la réalité autour d'eux.


Tom ça serait bien que tu ne mettes pas Kaurismaki et Jeunet dans les mêmes choses. ça te fait dire des bêtises.

Auteur:  Puck [ 23 Aoû 2014, 14:20 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Tom a écrit:
Non je suis pas clair, je ne dis pas que Leone est un cinéaste classique : par motifs classiques, j'entends motifs issus (extirpés) de la période classique du cinéma. C'est à dire en l’occurrence ceux du western : un décor désertique, un personnage de cowboy solitaire, des duels dans une rue vide en face à face, la question de la loi dans un pays-chaos en formation... Tout ça appartient à l'origine au cinéma classique.

Ce que fait Leone, c'est uniquement exagérer et tordre ça. On va tellement exagérer le duel qu'on va faire des méga-gros plans sur les yeux. Le héros va être si solitaire et si mutique qu'on va se taper des plages de silence de 3 minutes. Le monde va être si chaotique et dangereux que tout va y être sale et repoussant. Et ainsi de suite... Mais on reste dans une logique de déformation, de trait davantage forcé : au final, l'envie est d'abord de rejouer la pièce sans avoir l'impression de ne faire que la photocopier.

Tarantino, lui, va approcher son modèle comme une référence, comme un cube dans les jeux d'enfants. Dans ma main j'ai un cube western spaghetti, dans mon autre main j'ai un cube blaxplotation. Je vais les mettre côté à côté et on va voir ce que ça produit, ce que ça raconte, ce que cette remise en situation crée. On est plus dans la déformation, mais dans la dialectisation.

La différence entre les deux, pour moi, est là.
Mais ce sont des termes ("moderne", "maniériste", "post-moderne") difficiles, dans le sens où chaque théoricien a sa propre définition. Certains font commencer le maniérisme à Sirk, d'autres ne veulent pas en entendre parler avant les années 80. Et post-moderne, j'ai jamais réellement trouvé de définition nette et commune à tous qui puisse faire autorité...


Ton point de vue est intéressant et mérite que je m'y penche. Je ne le vois pas exactement comme ça cela dit...

Auteur:  Tom [ 23 Aoû 2014, 16:15 ]
Sujet du message:  Re: CDV #10 - Faut-il brûler les antiquaires ?

Cantal a écrit:
Tom ça serait bien que tu ne mettes pas Kaurismaki et Jeunet dans les mêmes choses. ça te fait dire des bêtises.

Le statut intouchable de Kaurismaki, sur ce terrain-là (car évidemment ce sont deux cinémas différents par bien d'autres aspects) m'a toujours intrigué au plus haut point.

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