Forum de FilmDeCulte

Le public plébiscite le cinéma français et, cerise sur le gâteau, les films sont bons.

C’est un paradoxe et une première aussi. Voilà qu’en France on se réjouit d’une grève. Celle qui a paralysé les studios à Hollywood en 2023 aurait permis aux films hexagonaux de tirer leur épingle du jeu en 2024. Le lion de la Metro Goldwyn Mayer perd de sa superbe ? « Cocorico ! » chantent nos réalisateurs, producteurs et distributeurs. Moins de concurrence ne nuit pas mais la tendance est avérée : le public plébiscite le cinéma français et, cerise sur le gâteau, les films sont bons. Une comédie sociale (Un p’tit truc en plus) et un film en costumes (Le Comte de Monte-Cristo) caracolent en tête du palmarès avec respectivement près de 11 millions et 9,5 millions d’entrées. Les autres suivent avec tambours et trompettes, et même toute l’harmonie pour emballer le public comme En fanfare, qui dépasse le million d’entrées en trois semaines d’exploitation.

Le cinéma d’auteur retrouve des couleurs et c’est l’audace et l’inventivité du système qui brillent. Un film avec un petit gars du Jura fabriquant du comté (Vingt dieux), on y va ! Un film mettant en scène un caïd mexicain changeant de genre (Emilia Pérez ), on applaudit ! Une romance noire (L’Amour ouf ), on se précipite. Ce dernier a d’ailleurs été porté par les jeunes. Ce public prétendu acquis à la cause Netflix se rue en salle pour plébisciter ses idoles, Pierre Niney, François Civil, Adèle Exarchopoulos…

Côté acteurs, la relève ne se pince plus le nez à l’idée de tourner dans des films dits « populaires ». La classification pourrait d’ailleurs avoir vécu. Certes, la grasse rigolade franchouillarde existe toujours, mais les films que nous avons défendus incarnent une diversité stimulante et rafraîchissante. Parfois décrié, le système de financement de la production française, via l’avance sur recette du CNC, a ses vertus. Les films qui marchent permettent de financer les premières œuvres et celles plus exigeantes – quelques navets aussi.
Hier, à l’étranger, on nous enviait Truffaut ou Melville. Puis plus grand-chose. On regarde aujourd’hui le cinéma français avec jalousie. Dheepan, d’Audiard, Titane, de Ducournau, Anatomie d’une chute, de Triet, trois palmes d’or en dix ans l’attestent. Ce même Audiard vient de rafler dix Golden Globes, l’antichambre des Oscars, avec Emilia Pérez. Hollywood n’est plus si loin.