1967 : Good Times C'est un peu CINÉMAN avant l'heure (mais avec seulement 3 genres parodiés dans des segments interminablement nuls) mélangé à un musical promo de Sonny & Cher. Tu sens l'étape obligée, c'est pas mal filmé mais y a quasi aucune idée.
1968 : L'Anniversaire (The Birthday Party) Le premier de nombreux huis-clos tirés de pièces adaptées par Friedkin qui se frotte ici à Pinter et son mélange d'absurde et de tension mais après une mise en place efficace, le récit s'éparpille interminablement et finit par ennuyer plutôt que stresser.
1968 : Strip-tease chez Minsky (The Night They Raided Minsky's) Comédie loufoque portée par l'énergie du montage et d'excellents comédien qui transforme son pitch grivois (une Amish invente par accident le strip-tease) en récit d'émancipation mais la dramaturgie de la 1ère moitié accouche d'une 2e moins aboutie.
1970 : Les Garçons de la bande (The Boys in the Band) Nouvelle adaptation d'un huis-clos théâtral avec cet excellent portrait drôle puis intense des angoisses d'un groupe d'homosexuels, frais et authentique même 50 ans après, servi par une écriture vive et mordante et une mise en scène invisible mais dynamique.
1971 : French Connection (The French Connection) Je revois le film à la hausse, ayant été plus réceptif à son approche documentaire mais à la mise en scène tendue de la traque laborieuse d'une piste, de filature en filature. La caractérisation épurée est réussie mais l'arc me laisse quand même un peu sur ma faim.
1973 : L'Exorciste (The Exorcist) L'ancrage dans un réel procédural défait des apparats du genre est d'autant plus glaçant dans sa mise à mal de la sacro-sainte figure de l'enfant, soudainement rebelle et sexuée, et d'une Amérique privilégiée. Montage fou de brutalité.
1977 : Le Convoi de la peur (Sorcerer) Un peu passé à côté il y a 10 ans, je revois le film à la hausse, appréciant mieux son voyage métaphysique de 4 fuyards qui ne peuvent échapper à la mort. Friedkin le documentariste se laisse envoûter par une imagerie cauchemardesque quasi-surnaturelle. Grand film.
1978 : Têtes vides cherchent coffres pleins (The Brink's Job) Ça peine à trouver son ton, les voleurs n'étant pas assez nigauds pour une farce ni assez doués pour que le casse paraisse fou. Friedkin ne semble pas savoir quoi raconter, ne fait rien du contexte d'après-guerre, ne commente rien, malgré un virage dramatique raté.
1980 : La Chasse (Cruising) Le film continue de me hanter avec sa plongée dans un univers interlope, son parti-pris elliptique et son casting tricheur semant le trouble pour une expérience paradoxalement plus subjective. Encore un Friedkin au croisement entre approche documentée et ambiance onirique.
1983 : Le Coup du siècle (Deal of the Century) La critique de l'Amérique de Reagan a dû attirer Friedkin mais la satire est ici d'une telle faiblesse que le choix de porter à l'écran ce script amateurement fichu est incompréhensible. Il n'y a rien de honteux mais c'est pire, il n'y a rien. Fond comme forme.
1985 : Police fédérale Los Angeles (To Live and Die in L.A.) Sa BO caricaturale et géniale signée Wang Chung (!), sa vibe MIAMI VICE, son flic au-dessus des lois mais au-delà de la vie et la mort, vrai sujet d'un film qui est aux '80s et à LA ce que FRENCH CONNECTION est au '70s et à NY. Le début de l'enquête ronronne autour de scènes éculées mais s'alambique au fur et à mesure que les flics (teubés, faut le dire) s'enfoncent. Toute la 2e moité, du sauna poisseux jusqu'à ce final en flammes, en passant par la poursuite FOLLE, hisse le film au-delà du banal polar.
1987 : Le Sang du châtiment (Rampage) La version ciné est préférée au Director's Cut de 92 qui "te dit quoi penser" mais l'original n'est pas plus ambigu et même tristement didactique sur le sujet de la peine de mort. Friedkin réussit mieux le serial thriller à l'atmosphère glaçante que le film de procès.
1990 : La Nurse (The Guardian) Imagerie de téléfilm, effets de style vulgos, "effets spéciaux" amateurs d'un film monté à la caméra, horreur d'une grossièreté cash où on dirait qu'il manque des plans, ça pourrait être un film d'exploitation golri mais ce n'est qu'un nanar...difficile à croire que c'est de l'auteur de L'EXORCISTE.
1994 : Blue Chips Après une entrée en matière tout en tension et énergie et malgré un point de vue engagé sur la colère d'un homme contre un système gangréné par l'argent, le film déçoit avec son déroulé programmatique dénué d'obstacles et un tiraillement moral pas incarné malgré un Nolte fort.
1995 : Jade Le film n'a même pas le SMIC de la mécanique rôdée des thrillers érotiques '90s d'Eszterhas avec son orientalisme ringard censée apporter une texture à ce polar prévisible et paresseux. Comment le cinéaste de FRENCH CONNECTION et CRUISING a pu signer ce film noir dénué de trouble?
1997 : Douze Hommes en colère (12 Angry Men) Remake TV permettant à Friedkin de se ressourcer en revenant aux huis-clos de ses débuts, le film apporte un relief supplémentaire avec la diversité raciale mais reste surtout une démonstration qu'un texte parfait traverse le temps. Inutilement plus long mais efficace.
2000 : L'Enfer du devoir (Rules of Engagement) Le film échoue narrativement et moralement avec un récit mal fichu et malhonnête concernant le point de vue et la révélation arbitraire d'infos. Ça se croit une réflexion complexe sur la friction entre les règles et la réalité moche, ce n'est que vulgaire et douteux.
2003 : Traqué (The Hunted) Récit épuré sec dans l'action, le film rejoue certes RAMBO (ici Trautmann himself traque son fils spirituel, davantage un Kurtz à élminer qu'à consoler) mais aussi le précédent Friedkin, exploitant des éléments similaires pour un portrait plus ambivalent de la culpabilité.
2006 : Bug Intéressant à revoir à l'aune de QAnon mais ça demeure poussif dans sa démonstration (caractérisation forçant le trait, ellipses malhonnêtes), freinant toute empathie et trouble friedkinien pour ce qui est davantage un portrait du gaslighting que d'une parano contagieuse.
2011 : Killer Joe Le film m'agace avec ces rednecks antipathiques se hurlant dessus dans la version glauque d'un Coen percluse de clichés pour un portrait inintéressant d'une Amérique de déchets. Reste Joe et les 2 scènes glaçantes où Friedkin traduit bien son emprise. Mais la fin est ridicule.
2023 : L'Affaire de la mutinerie du Caine (The Caine Mutiny Court Martial) 12 ANGRY MEN x RULES OF ENGAGEMENT aka un film de procès qui nous laisse jurés, le découpage ciselé de Friedkin captant la tension et l'humanité, mais qui s'avère déceptif et l'épilogue aux révélations tardives et inutiles confond didactisme et ambivalence.
Et donc :
1. The Boys in the Band 2. Sorcerer 3. The Exorcist 4. Cruising 5. To Live and Die in LA 6. The French Connection 7. The Hunted 8. 12 Angry Men 9. The Caine Mutiny Court Martial 10. The Night They Raided Minsky's
11. Blue Chips 12. Rampage 13. Killer Joe 14. The Birthday Party 15. Bug 16. The Brink's Job 17. Rules of Engagement 18. Good Times 19. Jade 20. Deal of the Century 21. The Guardian
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