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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 26 Sep 2019, 21:17 
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C'est tout à fait ce que je voulais dire, en prenant par ailleurs comme exemple un film qui fait figure d'exception dans son oeuvre.
Dire qu'il a toujours eu des moyens à la hauteur de ses ambitions revient à dire que Rity Pahn, Apitchpong Weerasethakul ou Hong Sang-Soo comme Michael Bay ou Steven Spielberg en ont eu aussi, au contraire d'un Orson Welles peut-être, ce qui n'était pas trop mon propos. Juste l'impression que, plus qu'ailleurs, le cinéma portugais ne s'embarrasse pas d'une certaine économie de moyens pour faire des oeuvres ambitieuses. Un type inconnu comme João Botelho adapte le grand roman portugais du dix-neuvième Les Maias avec un budget ridicule (1.500 000 donc ça ne l'est pas tant que ça j'imagine) de la même manière que, et je passe en Argentine, tourner La Flor, dont le tournage s'étale sur une dizaine d'années ou Historias Extraordinarias pour Mariano Llinas avec un budget ridicule ne l'empêche pas de faire preuve d'une ambition un peu démesurée.


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 03:07 
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Ok oui, je vois. Je ne connais pas assez le cinéma portugais mais ça me paraît plutôt vrai. C'est un cinéma qui a su parfaitement adapter ses modestes moyens à la grandeur de ses ambitions. Est-ce dû à leur culture romanesque et leur langue littéraire ? Ca se pourrait bien...
Par contre, j'insiste, De Oliveira me semble faire figure d'exception, il a toujours eu des moyens confortables (dans la mesure des possibilités offertes par le cinéma portugais et français à un auteur de son envergure, à savoir prestigieux mais commercialement nul).

Après, d'une certaine façon, je trouve que ça rejoint une caractéristique globale qu'illustre parfaitement (et qu'a peut-être même initiée) le cinéma hollywoodien au sein duquel un film aura tendance à atteindre une dimension métaphysique, politique et poétique profonde en s'accommodant d'une limitation de budget, tandis que plus il aura de moyens, plus il s'orientera vers des thématiques intimistes et personnelles (j'exclus Kubrick, qui n'a rien d'hollywoodien de toute manière...) mais sera moins ambitieux.

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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 07:44 
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Vieux-Gontrand a écrit:
On trouve une très fidèle image de Tours dans le Grand Amour de Pierre Étaix, qui contribue paradoxalement à desincarner le film (les personnages essayent d'échapper en même temps au réel au social et à la ville).


:o je savais pas, je vais essayer de le voir.


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 08:51 
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Tetsuo a écrit:
bmntmp a écrit:
Quelqu'un peut-il me dire quels sont ses films qui donnent une image de Lisbonne en particulier ?


La Cassette.


Alors qu'on est passé au BR, et même au 4K depuis longtemps...

LE PORTUGAL...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 09:04 
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Tetsuo a écrit:
C'est un cinéma qui a su parfaitement adapter ses modestes moyens à la grandeur de ses ambitions.

C'est peut être même devenu le cinéma européen le plus vivifiant. Miguel Gomes, Pedro Costa, Joaquim Pinto, João Pedro Rodrigues, Pedro Pinho, Teresa Villaverde et j'en oublie, je ne sais pas si le cinéma portugais c'est jamais aussi bien porté.


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 11:18 
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Je ne suis pas sûr que le cinéma portugais ait été si fauché que cela... apparemment ils avaient un système de production à la française avec avance sur recette et financement par la télé publique, ainsi que d'un lien avec Paulo Branco qui permettait de tourner en coproduction avec la France . Le système a été attaqué de façon populiste lors du Blanche Neige de Monteiro (pratiquement son dernier film). Comme dit Tetsuo les films de de Oliveira ne sont pas des films fauchés. Non ou la Vaine Gloire de Commander multiple les decors et a été réellement tourné en Angola pour 30 minutes de film. En France il tournait avec Deneuve, Piccoli, Lonsdale. Agustina Bessa-Luis était reconnue.
Il était peut-être plus facile de monter un film d'auteur au Portugal qu'en Espagne ou en Angleterre (voire aux USA).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 11:38 
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Et finalement les derniers Monteiro avec la voix d'une inconnue lisant Robert Walser sans images sont infiniment plus intéressants et resteront plus que les derniers Antonioni où on remeuttait Sophie Marceau à poil dans Positano déserte et Wim Wenders à l'éclairage pour probablement atteindre le même nombre de spectateurs.
Le contribuable portugais peut être fier de lui.

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 27 Sep 2019, 11:44, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 11:41 
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Tu sais que tu peux éditer Gontrand ?


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 12:35 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Je ne suis pas sûr que le cinéma portugais ait été si fauché que cela... apparemment ils avaient un système de production à la française avec avance sur recette et financement par la télé publique, ainsi que d'un lien avec Paulo Branco qui permettait de tourner en coproduction avec la France . Le système a été attaqué de façon populiste lors du Blanche Neige de Monteiro (pratiquement son dernier film). Comme dit Tetsuo les films de de Oliveira ne sont pas des films fauchés. Non ou la Vaine Gloire de Commander multiple les decors et a été réellement tourné en Angola pour 30 minutes de film. En France il tournait avec Deneuve, Piccoli, Lonsdale. Agustina Bessa-Luis était reconnue.
Il était peut-être plus facile de monter un film d'auteur au Portugal qu'en Espagne ou en Angleterre (voire aux USA).


Comme en France, il y a une exception culturelle portugaise avec une politique de subvention publique et de concours de longue date, mais qui s'est trouvée menacée il y a une dizaine d'années et depuis, je ne sais pas où ça en est. Il y a eu de nombreux articles et au moins une pétition à ce propos. Le fait que le cinéma d'auteur portugais ait été soutenu par des institutions publiques ne signifie pas que les financements dont il bénéficiait, qui correspondaient aux besoins des réalisateurs, étaient mirifiques. Je ne comprends pas pourquoi vous voulez me faire dire ça.

Vieux-Gontrand a écrit:
Comme dit Tetsuo les films de de Oliveira ne sont pas des films fauchés. Non ou la Vaine Gloire de Commander multiple les decors et a été réellement tourné en Angola* pour 30 minutes de film. En France il tournait avec Deneuve, Piccoli, Lonsdale. Agustina Bessa-Luis était reconnue.
Il était peut-être plus facile de monter un film d'auteur au Portugal qu'en Espagne ou en Angleterre (voire aux USA).


Il n'y a pas de véritable contradiction entre films fauchés et économie de moyens, c'est ce que je me tue à expliquer. Le Portugal, avait sa propre économie, tu y ajoutes des financements français, cela permettait sans doute à Oliveira d'avoir des budgets confortables pour le Portugal et surtout de tourner à un rythme soutenu. Par ailleurs, les exemples sur lesquels vous vous appuyez comme le Soulier de satin et Non ou la Vaine Gloire de Commander font figure d'exception. N'oublions pas aussi qu'il a commencé sa carrière en 1944, avant une sorte de hiatus jusqu'à la révolution, et qu'il ne tournera ces deux films qu'une dizaine d'années plus tard.
Et ça n'a non plus de sens de comparer Non ou la vaine gloire de commander avec Kingdom of Heaven de Ridley Scott ou Vercingetorix de Jacques Dorfmann, qui fut tourné avec 15 000 000 de dollars et en comparaison duquel, c'est un film fauché. Il est plus proche d'un Bresson qui fait Lancelot du Lac ou Ermanno Olmi avec Le métier des armes.
Il a certes tourné relativement tardivement avec des "stars" (Mastroianni, Irène Papas, et d'autres encores), dont j'ignore le cachet, c'est pourquoi je citais l'exemple de Rity Pahn ou de Hong Sang-Soo.

*la partie en Angola fut tournée au Sénégal, ce qui n'est pas important, tout ça pour dire, pas sûr que ça revienne plus cher qu'un tournage à Paris, non ?


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 12:47 
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Une interview de Paulo Branco où il parle des deux films

https://www.sofilm.fr/interview-paulo-b ... e-legendes


Citation:
Donc j’en parle à Oliveira, qui me dit « Paulo, je veux adapter Le Soulier de satin de Claudel. La totalité. » Le cauchemar ! Je vois Jack Lang grâce à l’oncle et je lui parle de Paul Claudel. Il faut imaginer la scène : la gauche est au pouvoir depuis un an, et moi je viens lui proposer d’adapter avec l’argent français un auteur catho de droite. Froid absolu. Il finit par me dire OK. J’arrive au Portugal : levée de boucliers contre le projet. Même les grands amis d’Oliveira boycottent et je me retrouve avec un tournage qui commence, des décors faramineux, des costumes, un nombre incroyable d’acteurs et seulement un cinquième du budget. Au bout d’un mois, plus un sou dans la caisse. Si je ne trouve pas de l’argent immédiatement, c’est foutu. Je décide de partir au Marché de Milan pour essayer de trouver un acheteur. J’arrive là-bas à 8 h du matin, il me faut un chèque le jour même. Pas un chat sur les stands. Juste une personne qui dort dans un coin, sur sa chaise. Il me demande : « What do you want ? » Je lui dis : « De l’argent aujourd’hui pour finir mon film » puis je mens : « J’ai la promesse de Jacob que Le Soulier de satin sera à Cannes. » Le mec se réveille : « Cannes ? Cannes ? » « Yes, yes. » Et on a signé le jour même. C’était le célèbre producteur Menahem Golan, qui venait d’obtenir la veille une ligne de crédit de 100 millions de dollars, et j’étais la première personne qu’il voyait ! (rires) J’arrive au Portugal avec le chèque, le ministre de la culture portugais vient me chercher en voiture, m’amène dans son bureau et me dit : « Vous venez de sauver ma tête parce que tout le monde attendait que ça s’arrête pour que je saute. »


Citation:
On pensait les tournages des films d’Oliveira plus calmes… Oh non. D’ailleurs, l’aventure la plus folle de ma vie, c’est Non ou la vaine gloire de commander (1990). Cette folie, les gens en parlent encore. Imagine une superproduction réalisée avec une équipe artisanale.


etc


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 12:52 
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Tiens "Et la Lumière fût" de Iosseliani, qui doit dater des mêmes années, a aussi été tourné au Sénégal (pour représenter une Afrique "archétypale"). Peut-être qu'il y avait déjà des structures de production locales et des acteurs (bien que dans "Non" si je me souviens bien on ne voit qu'un seul combattant africain, la plupart de l'épisode angolais s'articule autour d'un monologue intérieur de Luís Miguel Cintra dans un camion avec comme seule autre contrepartie extérieure les cris d'agonie de ce combattant )

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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 13:01 
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Vieux-Gontrand a écrit:
la plupart de l'épisode angolais s'articule autour d'un monologue intérieur de Luís Miguel Cintra dans un camion avec comme seule autre contrepartie extérieure les cris d'agonie de ce combattant )


Si c'est le cas, ça confirme ce mélange de minimalisme dans les moyens et de maximalisme dans les ambitions dont j'ai essayé de faire, peut-être un peu artificiellement, une caractéristique du cinéma d'auteur portugais. Mais on retrouve ça chez Miguel Gomes, ne serait-ce qu'avec sa trilogie des 1001 et nuits, qui jouit peut-être d'un confort moindre que le Oliveira de la période de la maturité. Comme le suggère Branco aussi, ces entreprises sont inimaginables aujourd'hui.


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 14:10 
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Je n'ai vu que Tabou mais, oui, il y a de ça.

Branco, c'est vraiment le producteur à l'ancienne, qui bluff comme un bourrin pour récolter la thune en risquant de se foutre dans la merde. Ces entreprises sont inimaginables aujourd'hui parce qu'il n'y a plus de producteur comme lui.

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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 15:02 
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On dirait. De quoi nuancer un petit peu.
Il explique quand même que c'est Mitterand là qui voulait que Lang lui file du fric, ce qui apparemment était loin d'être la somme nécessaire.


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 Sujet du message: Re: Top de Oliveira
MessagePosté: 27 Sep 2019, 15:40 
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Ca nuance pas dans le sens où c'est pas De Oliveira qui pâtit de la situation mais le producteur. Ca a été comme ça dans le cinéma pendant longtemps mais plus maintenant parce que les systèmes de financement ont changé et sont moins à l'arrache (mais du coup on prend moins de risque).

Puis là c'est Menahem Golan qui paie avec le pognon de Superman IV, c'est énorme ! (je savais pas pour le coup)

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