Quand même une bonne centaine de pages répétitives... Mais un portrait du gars en creux ( ce "Je vais devoir me faire aimer pour moi-même" dès les premières pages dit énormément) assez attachant. Jusque dans ses contradictions - ah ce rapport avec la presse, qui lui est "précieuse" tant qu'elle ne parle pas de Cannes, ou là ,9 fois sur 10, elle ne comprend rien à rien. Des choses un peu too much ( les pages où il se raconte sur son tracteur dans le Vercors, limite à envier ses voisins qui vont à la chasse... Limite une version cheesy de la chanson de Delpech), un peu de baratin aussi (rooh, le passage sur Waintrop, façon "mais naaaaan, on est les meilleurs potes du monde", énorme bullshitting pour quiconque est même un minimum du milieu ), et des tacles aussi furtifs que méchants (les quelques lignes condescendantes sur la Semaine). Et finalement pas grand chose si ce n'est le fonctionnement pragmatique au quotidien du festival. Sur cet axe là - et soyons honnêtes, on l'a tous acheté en pensant qu'il lacherait des choses plus croustillantes- ce bouquin n'est pas des plus passionnants, sauf à y lire entre les lignes - le mini-fil rouge La La Land, Sean Penn, son regret sur le Despleschin...- des choses un peu moins lisses lâchées ici et là dans le récit assez mécanique du processus de sélection. A l'inverse, quand régulièrement la crainte de vieillir, ne pas avoir laissé une trace, ou l'attachement malgré tout aux gens - oui le namedropping des "stars" qu'il croise est un peu gonflant à la longue mais compensé par le nombre de ses collaborateurs anonymes pour ses lecteurs qu'il cite encore plus à l'envi - comme cette quasi-obsession pour le littéraire (citations de Cendrars, bouquins qu'il offre à quasiment tout le monde, allusions à Harrison, inquiétude de ne rien avoir à dire) le rend étonnament attachant. Y compris dans les deux chapitres les plus longs du bouquin (un sur Springsteen - et sans doute le mieux écrit- l'autre verbatim pratique de son agenda ordinaire (et dingo) sur un jour Cannois) , qui résument a eux même entre son goût pour une culture populaire et le carcan de son poste à Cannes, la dualité du bonhomme.
|