Gontrand a écrit:
Son rôle qui m'a le plus marqué est en amante de Jacqueline Sassart dans les Biches, d'abord dominante puis, de plus en plus, victime de l'irrationalité du sentiment, phagocitée par celle qu'elle a construit. J'aimais bien la manière dont elle revenait dans le cinéma de Chabrol des années 80 et 90, après sa rupture avec luoi,reprenant ses personnages précédents, mais sur un mode à la fois plus abîmé et plus apaisé, notammentdans Betty, cette blessure (comme une compréhension des situations dégagée tant bien que mal des films précédents) la faisait échapper au danger de s'autociter. Il y avait chez-elle un contrôle de soi dénué de calcul, une réserve sans opacité (au contraire d'Isabelle Huppert), qui chez un catholique comme Chabrol, était sans doute le lieu où foi et morale s'opposent ou plutôt se contrarient. On sentait qu'elle ressemblait à ses personnages, et cette ressemblance, dans le système naturaliste de Chabrol, où chaque film est une sorte de programme, était paradoxalement mystérieuse et gratuite.
Je ne sais pas si Chabrol était catholique au vu de nombre de ses interviews... Audran oui par contre.