Un grand de la musique africaine, et de la musique en général. Son âge d'or était clairement de 1980 à 1995. Sa particularité par rapport aux autres grandes stars de la musique congolaise (Franco, Tabu Ley Rochereau, Koffi Olomidé, ...), c'est qu'il a vraiment su faire évoluer le registre "rumba congolaise" dans les années 80 vers des sonorités plus occidentales, en abandonnant les cuivres pour le synthétiseur, tout en gardant tout le sel de cette rumba, c'est-à-dire la technique du sebene. Il a ouvert la voie à (certains) musiciens qui l'ont suivi. Il faut notamment réécouter le morceau "Proclamation" (1984), profondément original à l'époque dans la production musicale en même temps que précurseur du mouvement de la sape (comprendre "Société des ambianceurs et des personnes élégantes"). La Sape, mouvement culturel qui a dégénéré en vaine sapologie, mais qu'il ne faut pas comprendre comme une éloge d'une certaine élégance vestimentaire somme toute futile, plutôt comme un dandysme contestataire à une époque où Mobutu, le dictateur zaïrois, prônait autoritairement un retour à une sorte de pureté africaine en toc (notamment par l'interdiction du port du costume). Parmi ses pairs -même les plus talentueux comme Franco- qui se sont TOUS abaissés devant le pouvoir en place, Wemba était en fait le seul vrai rebelle, toute sa vie. Musicalement, c'est aussi le seul à s'être fait labellisé "world music", c'est-à-dire à produire quelque chose d'écoutable pour les oreilles occidentales si sensibles, en ajoutant des sonorités jazz et rock, et en même temps de suffisamment exotique, pour se faire connaître ailleurs qu'en Afrique. Son album "Foridoles" en 1994 est à ce titre son sommet artistique et son plus grand succès.
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