Vu Kaos, pas mal mais très Eurocinéma, ainsi que la Nuit de San Lorenzo, superbe BO mais dont j'étais resté un peu extérieur (film assez retors où un massacre nazi est filmé comme une opportunité politique collective paradoxale à laquelle les réalisateurs ne croient au fond plus eux-mêmes, les personnages sont liquidés deux fois, par les évènements historiques et la caméra -spectateur ou du moins le scénario. Cela rappelle un peu une ambiguïté le point de vue d'Elia Kazan sur les massacres turcs contre les Arméniens -à l'image- et les Grecs -hors champs- dans America America tiens, même si les deux films ont une force et un souffle indéniables, enfin bon il faudrait les Straub pour dépasser cette contradiction, et encore en partie seulement -bien qu'Ossessione de Visconti,Paisa ou Generale della Rovere voir le "populisme freudien" d'Age et Scarpelli dans la Grande Pagaille soient politiquement plus optimistes, mais ce sont des films plus vieux,antérieurs aux Années de plomb).
Bons souvenirs de César doit Mourir et surtout des Subversifs, psychodrame politique inclassable où la mort de Togliatti prend la forme d'une quasi apocalypse de films catastrophe ou de golgotha la résurrection en moins, à mi chemin moralement entre le lyrisme sexuel mâtiné de culpabilité chrétienne de Bertolucci, la froideur sévère, objective et élégante d'Antonioni, et la veine à la fois plus moraliste et plus cynique de Dino Risi.
_________________ Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ? - Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.
Jean-Paul Sartre
|