Juliette Binoche, dans une itw à Télérama, a écrit:
Au début de chaque film, j’ai l’envie profonde qu’avec le metteur en scène on entre dans l’intimité l’un de l’autre. Quand une femme fait l’amour avec un homme, il y a une intimité partagée, et entre metteur en scène et acteur, il y a de cela aussi. Après une prise, on peut se dire « on avait voulu ce moment-là et on l’a eu », c’est un partage incroyable et très sensuel. Bien sûr, tout le monde est pressé par le temps sur un tournage, et parfois le metteur en scène intervient d’une façon un peu autoritaire, parce qu’il a peur de ne pas y arriver. C’est alors à l’acteur de lui redonner confiance, de lui dire « attends, écoute et regarde, et après on pourra travailler ensemble ! Mais si tu me dis ce qu’il faut que je joue avant de voir et d’écouter, tu te trompes ! »
Parfois, le partage tourne court. Quand Claude Berri vous a remplacée par Carole Bouquet pendant le tournage de Lucie Aubrac, en 1997, par exemple...
J’ai eu longtemps beaucoup de mal à parler de cela, peut-être que je le raconterai un jour dans un livre. Quand j’ai été virée du tournage, je suis restée quinze jours sans pouvoir dire un mot. Je n’avais même pas été prévenue, tout s’était décidé dans mon dos et il n’y a que deux personnes dans l’équipe qui ont été assez honnêtes pour m’en parler, l’habilleuse et la coiffeuse. J’ai cru comprendre que Claude Berri me reprochait d’en savoir trop sur Lucie Aubrac. C’est vrai que j’avais fait trois mois de recherches, et que j’étais même devenue très proche de Lucie. Ma passion pour ce personnage et mon envie de me donner ont été perçues comme un problème. Quand j’ai vu le film, j’ai pensé que la vie avait finalement bien fait les choses. Godard et Carax m’ont dit qu’ils étaient très contents que je me sois fait virer !
Aubrac est morte et Berri continue à faire des films tous mous.
y'a pas d'justice ma bonne dame...