"W. Mark Felt, qui fut à la fois le n°2 du FBI et informateur des deux journalistes du «Washington Post» dans l'affaire du Watergate, est décédé jeudi à 95 ans.
Il n'a jamais aimé son surnom : pourtant, c'est par le seul nom de «Gorge profonde» que W. Mark Felt s'est fait connaître dans le monde entier, pendant l'affaire du Watergate. L'ancien numéro deux du FBI, âgé de 95 ans, est mort jeudi d'une défaillance cardiaque.
Mais plusieurs décennies se sont écoulées avant que l'on puisse connaître la véritable identité de celui qui était devenu la principale source de Bob Woodward et Carl Bernstein dans le scandale qui conduisit à la démission du président Richard Nixon en 1974.
Ce n'est en effet qu'en juillet 2005, qu'un certain John O'Connor, un ami de Felt, publie dans «Vanity Fair» l'article qui révèle ce secret.
Une fois sorti du bois, «Gorge profonde» alors âgé de 92 ans, avait ensuite publié ses mémoires, intitulé «La vie d'un agent du gouvernement : le FBI, ‘Gorge profonde' et le combat pour l'honneur à Washington» («A G-Man's Life : The FBI, ‘Deep Throat' and the Struggle for Honor in Washington»).
Dans ce livre, l'homme qui était au moment des faits le numéro deux du Federal Bureau of Investigation chargé de la surveillance du territoire se décrivait comme un «Ranger solitaire» qui cherchait à faire capoter un scandale couvert par la Maison-Blanche.
Felt expliquait ce qui l'a amené à devenir la fameuse source haut-placée qui informait Woodward et Bernstein, immortalisés à l'écran par Dustin Hoffman et Robert Redford dans «Les hommes du président».
«Ai-je bien fait d'aider Woodward ?»
Il était furieux, écrivait-il, de la lenteur de l'enquête menée par le FBI dans l'affaire du cambriolage du siège du Parti démocrate à Washington, alors dans l'opposition. Ce casse avait été commis en pleine campagne électorale pour la réélection de Richard Nixon, dans la nuit du 17 juin 1972, par d'étranges «plombiers» poseurs de micros.
Felt précisait qu'avec ses révélations au tandem Woodward-Bernstein, il voulait que la presse fasse pression sur l'administration Nixon pour qu'elle coopère à l'enquête.
L'ex-numéro deux du FBI évoquait également ses hésitations à l'idée d'informer les deux journalistes. D'un côté, il ne voulait pas que son agence fédérale soit accusée d'avoir couvert le délit du président ; de l'autre, il craignait d'être critiqué pour avoir rompu son devoir de loyauté.
Dans son article paru dans «Vanity Fair», John O'Connor était revenu sur le terme de «Gorge profonde» («Deep throat»), inspiré d'un film pornographique de l'époque. «Mark Felt n'a jamais accepté ce nom», né une blague de journalistes, écrivait-il.
Finalement, Felt restait convaincu qu'il a bien fait d'avoir permis à l'opinion de connaître la vérité sur ce scandale. «Les gens débattront encore longtemps pour savoir si j'ai bien fait d'aider Woodward», écrivait le nonagénaire. «L'essentiel, c'est que nous avons effectivement fait sortir toute la vérité. N'est-ce pas cela que le FBI est censé faire?» "
Le Figaro International
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