Elle a bercé mon enfance, entre Elli et Lio, que je n'aimais pas, je n'avais pas conscience de l'aimer elle. Elle était plus commerciale, mais avait conscience qu'une artiste, à l'ère de l'image télé eighties, n'était qu'un signe de ralliement sociologique (mais d'un autre côté, c'était là l'opposé de l'actuel YouTube, car on ne peut voler la propriété ou le passé d'un signe). Apres je suis devenu snob, et me suis mis à écouter le Velvet, et d'ailleurs plutôt John Cale que Lou Reed, qui, lui aussi, était encore une star. Mais John Cale ne raconte rien, pas de sexe, de couple, il chante juste la musique elle-même, le ventre mou entre rock et musique "sérieuse" est son seul sujet, dont la répétition mènerait jusqu'à la folie privé . Et finalement, Michel Berger est peut-être son équivalent à la fois français et commercial. Il y a une parenté entre [u][/uiThe Academy in Peril[/i] et Starmania . La musique comme mythe et contre-culture par le seul fait de se regarder elle-même dans le miroir. La politique comme émanation accidentelle de ce sollipsisme. Tout comme France Gall ressemblait un peu à Nico, mais avec une dépression et un deuil de femme trompée à la place de l'héroïne . Nico est connue parce que son fils lui a survécu, malheureusement France Gall a vécu à la fois l'inverse et l'équivalent Même fin de carrière, ni vrai silence ni vrai come-back chez l'une et l'autre. Même fusion du couple et de la fonction artistique. Mais en vieillessant John Cale et le rock intello me lasse, et je réalise que la variété en dit plus sur moi : mon histoire c'est France Inter qui m'annonce la mort de Daniel Balavoine au petit déjeuner et je crois qu'un homme aussi important que Mao ou de Gaulle est mort. Comment va-t-on boire au Sahel ? Une tendresse pour un leurre subi, cynique et naïf, plutôt que la lucide comédie organisée des apparences de la Factory qui m'apparaissait alors comme un destin que l'on pouvait volontairement choisir . Ces histoires de poulets décapités en concert par John Cale c'est con, finalement . J'y suis indifférent. Ce gallinacé mis à mort par le faux schizophrène gallois me touche, à présent, bien moins que le maladroit silence d'une star pourtant consensuelle. Je ne l'aurais pourtant pas cru il y a à peine 5 ans. La mort de France Gall, c'est l'équivalent du rétroviseur de voiture où Leaud découvre qu'il a vieilli à la fin des 2 Anglaises de Truffaut, un réveil solitaire dans un rêve qui était le réel.
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