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Sorti 41 après Casablanca, Reuben, Reuben a été écrit par le même scénariste. Le film met en scène un personnage de poète alcoolique, séducteur et amoral inspiré de Dylan Thomas, qui mourut lors d'une tournée de lectures en 1953, et en partie instigateur de la tradition des "hellraisers", ces acteurs britanniques (issus pour la plupart d'autres parties du Royaume Uni que l'Angleterre) comme Richard Burton, Peter O'Toole, Richard Harris, Alan bates, aussi connus pour leurs cuites, leurs bagarres, leurs conquêtes que pour leur carrière sur les planches, comme on dit, ou au cinéma.
Ainsi Gowan McGland en est l'énième incarnation, sauf qu'il n'est pas acteur ou rockeur, et que ses groupies sont des desperate housewives de la Nouvelle-Angleterre. S'il est profondément sexiste et misogyne, ainsi que la jeune fille dont il tombe amoureux le lui fait remarquer, c'est évidemment la contrepartie de son dégoût de soi et de la vie, de son indolence et de son laisser-aller. Il incarne une sorte de principe de non-résistance mais dans un contexte encore mondain, profitant d'une gloire ancienne quoique toute relative (des poèmes qu'il a pu écrire autrefois) et des vestiges d'une verve naturelle, ne pas résister signifie dans son cas céder et non pas s'opposer ou disparaître.
Si autour de lui, on lui pardonne ses défauts, c'est qu'il incarne la bohème qui attise des songes bovaryens chez des femmes au foyer insatisfaites. Whitnail and I, quatre ans plus tard, traitera de la même chose mais en supprimant l'élément féminin, ce qui prouve bien que les choses ne sont pas aussi simples que ça.
Un peu trop déclamatoire ou discoureur, trop vissé à son protagoniste principal (au point que la mise en scène va maladroitement couper l'interlocuteur au cours de certaines scènes de dialogues) dans un décor New England qui semble tout aussi vieillot que l'ancienne, d'Angleterre, le film donne néanmoins une illustration intéressante d'un tel caractère, bien aidé par Tom Conti (l'excellent Mr. Lawrence du film d'Oshima) qui apporte une dignité non-libidineuse à son personnage de Casanova à la petite semaine et pathétique.