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MessagePosté: 22 Mar 2024, 17:38 
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Encore un film dont j'ai découvert l'existence quelques jours avant de le voir.
Le film est très simple et suit Christine Angot essayer de régler avec sa famille le question de l'inceste qu'elle a vécu par son père quand elle était adolescente. Elle va voir sa belle-mère (scène très forte), sa mère, son ex mari, sa fille etc... Un autodocumentaire très fort sans distance, très frontal mais sans complaisance également. On n'est pas là pour s'apitoyer sur le sort de Christine Angot mais pour accompagner son périple dans sa quête d'apaisement, de compréhension. Il est difficile de parler de ce film sans tomber dans une espèce de psychologie de comptoir mais il est vrai qu'on a le sentiment qu'avec ce film elle veut arriver au bout d'une certaine démarche qui a été très longtemps exclusivement solitaire par l'écriture et qu'aujourd'hui elle veut confronter tout ça aux protagonistes (secondaires certes) de cette histoire.

C'est donc un film fort, par son sujet évidemment, mais aussi par ces discussions forcément difficiles qui confrontent des culpabilités terribles, qui plongent dans une intimité extrêmement profondes etc... Fort aussi parce que ce que le film nous dit, de manière totalement sous-jacente, c'est ce que ce genre d'horreur implique, à quel point ça façonne toute une vie et son traumatisme poursuit sa victime sans relâche. Il n'y a pas de reconstruction, il n'y a pas de résilience, il y a une douleur à vif qu'il faut soulager comme on peut et ici Chrisitine Angot choisit la parole. Le film est associé à des images d'archives forcément émouvantes où l'on voit Christine Angot, ado, s'occuper des son frère et sa soeur encore bébés alors que l'on sait que c'est une période où elle était violée.

Plusieurs séquences sont révoltantes notamment un montage des premiers passages d'Angot chez Ardisson, c'est littéralement à vomir de les voir parler d'inceste comme d'une vulgaire blague, de la traiter littéralement comme un pantin médiatique (et les vannes ultra misogynes de Baffie, c'est à se flinguer). Hallucinant que ce genre de choses aient pu passer à la télé. Un autre moment beaucoup plus doux nous la montre écouter La masque et la plume qui parle de son dernier roman et voir la satisfaction non pas d'avoir une critique littéraire positive mais plutôt la reconnaissance de ce qu'elle raconte, de sa douleur et de comment elle a été maltraité par le système (je ne savais pas mais à la sortie de ses premiers romans elle se faisait traiter de putes dans certaines critiques).

C'est un film très court (1h20), trop peut-être, on aurait aimé sans doute un peu plus d'elle presque alors que ce sont surtout ses proches qui s'expriment. La fin avec sa fille est particulièrement belle, quelque chose se passe. Aucun angélisme, aucune leçon facile, rien de tout ça. Juste les rencontres et le besoin d'en parler, de dénouer tous ses non-dits et toute cette souffrance accumulée. J'avais lu Triste Tigre de Neige Sinno et le film en est le parfait "companion piece" (en plus évidemment de toute l'oeuvre littéraire d'Angot elle-même).

4.5-5/6

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MessagePosté: 22 Mar 2024, 17:56 
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Je n'ai jamais lu ses livres, et comme beaucoup je n'ai d'elle que l'image d'une aboyeuse télévisuelle aussi souvent désagréable et qu'elle est à côté de la plaque. De plus, par son look, sa diction, son attitude, elle m'a toujours évoqué le mix parfait de cette catégorie très spécifique d'institutrices qui étaient volontairement intimidantes et blessantes envers mes camarades et moi quand on était tout gosses, et face à qui on était sans défense.

C'est fou quand même d'étaler continuellement cette histoire sur tous ces formats, en public, depuis aussi longtemps.

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MessagePosté: 23 Mar 2024, 09:08 
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C'est sa thérapie, elle a besoin d'en faire quelque chose de public, pour le bien commun d'un côté elle le dit, mais aussi évidemment pour elle-même. Là on peut être presque gêné par cette façon de forcer le témoignage public (elle force sa belle mère a apparaître dans le film dans une scène assez violente) mais d'une certaine manière c'est aussi une façon de dire qu'il ne peut y avoir de secrets, que tout doit être dit sans se cacher.

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MessagePosté: 23 Mar 2024, 09:37 
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Je doute qu'on puisse qualifier de "thérapie", ou même de thérapeutique, l'étalage obsessionnel qui caractérise son travail depuis 30 ans maintenant. C'est même tout l'inverse, même si j'entends que c'est juste une façon de parler. Il suffit de l'écouter pour voir que ça va pas du tout (ne parlons même pas de la lire, je suis allé chercher des extraits et j'ai découvert à presque 40 ans ma quintessence de l'illisible). J'y vois plus du personnal branding adoubé par des contrats d'édition, qui maintenant déborde du côté de l'audiovisuel, et qui pour le coup l'empêche de vraiment se rétablir.

Après force à elle, hein. Elle a vécu quelque chose d'horrible, et ça a fait d'elle un monstre en retour. C'est là qu'elle, ou son travail, peut avoir un effet thérapeutique mais à son insu : voilà une des issues possibles pour les victimes quand il n'y a pas de prise en charge adaptée.

Tu as lu certains de ses ouvrages ?

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MessagePosté: 23 Mar 2024, 13:08 
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J’avais gardé un autre souvenir de son passage chez Ardisson en tombant sur cette retranscription à une époque.

http://bit.ly/2DtM09l


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MessagePosté: 23 Mar 2024, 13:17 
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Le mieux, ce sont les évocations dans ses écrits de Doc Gynéco qui essaie de la convaincre de se laisser sodomiser.

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MessagePosté: 23 Mar 2024, 13:19 
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MessagePosté: 23 Mar 2024, 13:25 
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Müller a écrit:
Après force à elle, hein. Elle a vécu quelque chose d'horrible, et ça a fait d'elle un monstre en retour. C'est là qu'elle, ou son travail, peut avoir un effet thérapeutique mais à son insu : voilà une des issues possibles pour les victimes quand il n'y a pas de prise en charge adaptée.

Un monstre médiatique à tout le moins dans le sens premier du terme. On n’a pas oublié sa réaction peu empathique au témoignage de Sandrine Rousseau chez Ruquier - juste pour dire que tout ça est bien complexe.


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MessagePosté: 23 Mar 2024, 13:32 
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Müller a écrit:
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On apprend alors que ce qui branche à l'époque Doc Gynéco, c'est la "sodomie". Ce qui n'est pas le cas de Christine Angot. Ils trouvent alors un compromis : "On faisait l'amour, on jouissait. Il me prenait dans le vagin mais par-derrière, en me demandant de serrer mes jambes et de croiser mes chevilles."

"On arrivait chez moi, dans l'entrée en bas de l'immeuble il soulevait ma jupe, une grande jupe large, il me mettait face au mur, baissait mon collant noir, me demandait de me cambrer en prenant appui sur la porte", ajoute t-elle, avant de préciser que si Doc Gynéco était "un peu déçu" de ne pas avoir ce qu'il voulait, elle de son côté était satisfaite puisqu'il" ne se trompait pas de trou."

Maisleurs rapports sexuels étaient tout de même très souvent marqués par des désaccords : "Il me prenait, me mettait dos à la fenêtre, essayait de baisser mon pantalon pour introduire sa queue, en m'immobilisant contre le mur et la fenêtre. Ou alors j'étais à mon bureau, il la sortait et la mettait devant ma bouche. - Bruno non, non, je te dis. Pas maintenant. Pas comme ça. - Si. - Non Bruno, je ne veux pas. Pas comme ça. - Allez, juste un petit peu."

Mais il ne s'arrête pas là. La romancière révèle dans son livre que Doc Gynéco profitait d'emmener à l'école Léonore, la fille de Christine Angot, pour tenter de flirter avec elle.

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MessagePosté: 23 Mar 2024, 13:49 
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Müller a écrit:
Tu as lu certains de ses ouvrages ?


Oui lu 4 ou 5 il y a une dizaine d'année mais je réalise que je les mélange tous et qu'il ne m'en reste bizarrement pas grand chose.

Je n'aime pas forcément le personnage mais dans ce film elle est vraiment à nue sans égo (autre que celui évident d'être le personnage principal de son film). Et je crois que le film a une certaine importance dans ce qu'il montre les dynamiques familiales complètement flinguées sur le long terme par ce genre d'histoire horrible.

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MessagePosté: 23 Mar 2024, 14:20 
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bmntmp a écrit:
Müller a écrit:
Après force à elle, hein. Elle a vécu quelque chose d'horrible, et ça a fait d'elle un monstre en retour. C'est là qu'elle, ou son travail, peut avoir un effet thérapeutique mais à son insu : voilà une des issues possibles pour les victimes quand il n'y a pas de prise en charge adaptée.

Un monstre médiatique à tout le moins dans le sens premier du terme. On n’a pas oublié sa réaction peu empathique au témoignage de Sandrine Rousseau chez Ruquier - juste pour dire que tout ça est bien complexe.


J'avais jamais vu cet extrait. En fait Christine Angot c'est la version féminine de Gontrand.

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MessagePosté: 24 Mar 2024, 19:39 
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Art Core a écrit:
et les vannes ultra misogynes de Baffie, c'est à se flinguer

Personnage totalement détestable, d'une suffisance totale, qui s'imagine en trublion d'un système dont il n'est au final que la plus vile caution.

Art Core a écrit:
Elle va voir sa belle-mère (scène très forte)

J'ai trouvé cette longue séquence absolument horrible, je me demandais si je n'étais pas en train de voir un bout de scène coupée du Chagrin et la pitié d'Ophüls qui avait déniché une dernière nazie dans les rues de Strasbourg. C'est peut-être l'accent alsacien prononcé de la belle-mère qui m'a fait faire l'association. Ironiquement plus tard dans le film on voit Angot paniquée/outrée qui appelle son avocat après avoir reçu la plainte de la belle-mère, et de s'écrier "elle n'a pas de pudeur"... c'est tout de même incroyable d'avoir de tels mots quand le fond de sa propre démarche est justement d'être d'une impudicité absolue. Pour en revenir à cette séquence, je la considère (dans le film autant que dans la réalité) d'une absolue inutilité. Elle ne fait que confirmer que ce n'est pas par le conflit que tu peux espérer résoudre une telle situation, la belle-mère est un mur qui ne renvoie que des lieux communs, quand pour Angot il ne s'agit que d'y étaler sa souffrance et sa colère. D'une telle situation il ne résulte nécessairement rien.

Art Core a écrit:
C'est sa thérapie, elle a besoin d'en faire quelque chose de public, pour le bien commun d'un côté elle le dit, mais aussi évidemment pour elle-même. Là on peut être presque gêné par cette façon de forcer le témoignage public (elle force sa belle mère a apparaître dans le film dans une scène assez violente) mais d'une certaine manière c'est aussi une façon de dire qu'il ne peut y avoir de secrets, que tout doit être dit sans se cacher.

Müller a écrit:
Je doute qu'on puisse qualifier de "thérapie", ou même de thérapeutique, l'étalage obsessionnel qui caractérise son travail depuis 30 ans maintenant. C'est même tout l'inverse, même si j'entends que c'est juste une façon de parler. Il suffit de l'écouter pour voir que ça va pas du tout (ne parlons même pas de la lire, je suis allé chercher des extraits et j'ai découvert à presque 40 ans ma quintessence de l'illisible). J'y vois plus du personnal branding adoubé par des contrats d'édition, qui maintenant déborde du côté de l'audiovisuel, et qui pour le coup l'empêche de vraiment se rétablir.

Après force à elle, hein. Elle a vécu quelque chose d'horrible, et ça a fait d'elle un monstre en retour. C'est là qu'elle, ou son travail, peut avoir un effet thérapeutique mais à son insu : voilà une des issues possibles pour les victimes quand il n'y a pas de prise en charge adaptée.

En fait avant de voir ce film d'Angot je ne connaissais que son nom, je ne savais pas que son père l'avait violé et que c'était le sujet de ses livres. Et effectivement, ressasser de la sorte pendant 30 ans les viols à répétition de son père je doute que le bilan thérapeutique soit bénéfique. Et je doute que le film ait en particulier une quelconque visée cathartique, pas plus qu'il plaide au-delà de son propre cas personnel. Parce qu'au final le film est quoi au-delà d'une série d’injonction à reconnaître leur part de fautes de la quasi totalité des intervenants ? L’impression que j'en ai, c'est que c'est surtout pour Angot une nouvelle manière d'y exprimer et d'y ruminer sa douleur, d'afficher des personnes qu'elles considèrent à différents niveaux responsables de son mal être. Cela permet une belle séquence avec son ex-mari (seule séquence où Angot fait par ailleurs preuve d'écoute et de compassion), pour mieux comprendre comment il a pu laisser faire la perpétuation des viols, pour le reste j'espère sincèrement qu'à elle ça lui apportera une certaine forme de sérénité, pour le reste le film n'apporte malheureusement pas un éclairage bien particulier sur le phénomène (par contre renforce l'image très égocentrique de sa réalisatrice).


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MessagePosté: 24 Mar 2024, 20:55 
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Pas vu, mais le message de Lohman expose bien le traquenard avec Angot, on ne peut pas critiquer ses œuvres sans critiquer toute sa personne.


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MessagePosté: 24 Mar 2024, 22:53 
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Art Core a écrit:
Le film est associé à des images d'archives forcément émouvantes où l'on voit Christine Angot, ado, s'occuper des son frère et sa soeur encore bébés alors que l'on sait que c'est une période où elle était violée.


De cette période, on ne verra que des photographies. Les images filmées au caméscope qui sont insérées tout au long du documentaire sont datées du début des années 90 et correspondent non pas à l’adolescence d’Angot (elle a déjà la trentaine) mais aux premières années de sa fille Léonore qu’elle a eue avec Claude Chastagner.


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MessagePosté: 25 Mar 2024, 09:13 
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Lohmann a écrit:
Cela permet une belle séquence avec son ex-mari (seule séquence où Angot fait par ailleurs preuve d'écoute et de compassion), pour mieux comprendre comment il a pu laisser faire la perpétuation des viols


L'ex-mari d'Angot a laissé faire la perpétuation des viols ? Ça veut dire quoi ?


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