Oh la poule de fou.
Du moins bon au meilleur :
James et la pêche géante Découvert cette année et j'ai rien écrit dessus pour deux raisons : j'ai pas mal dormi et c'est giga léger. Pas ouf.
Fantasia Débilité de tous ces putains de passages live où un présentateur se charge de SPOILER en intégralité chacun des segments qu'il introduit. Au-delà, de par sa nature fragmentée, le film est forcément inégal. L'ambition est assez époustouflante, notamment dans la densité que ça charrie (mythologie grecque, Satan et Ave Maria, créatures de contes de fée, etc.) avec ce passage pro-Evolution que je n'aurai pas cru voir dans un Disney de l'époque ("Le Sacre du Printemps"). Une fois de plus dans un Disney, je me retrouve séduit davantage par les moments mettant en scène des "méchants", qu'il s'agisse de Zeus bombardant "La Symphonie Pastorale" de ses éclairs (mettant fin à ce segment étrangement sexué, avec ses "centaurettes" topless, mais non moins niais) ou bien évidemment de Satan sur son "Mont Chauve" (même si là, le "Ave Maria" offre un fin sublime). Pour les passages plus cartoon, je préfère l'absurdité amusante des danseurs étoile animaux de "La Danse des heures" aux conneries de Mickey et ses balais. En fait, dans l'ensemble, je trouve la mise en scène en deçà de la bande sonore (le générique d'Il était une fois l'Homme encule l'illustration faussement expérimentale qui est faite de Bach ici).
Ratatouille Le Pixar le plus surcoté. Je ne trouve pas l'univers aussi riche que les précédents. L'histoire demeure super simple (le coup de l’héritier, j'ai l'impression d'avoir vu ça mille fois) et l'écriture laisse un peu à désirer par moments (au bout de la 3e scène de Remy qui doit fuir a travers une pièce en se cachant, je me suis dit que ça commençait à devenir répétitif, et limite remplissage). Les personnages sont peu intéressants (le rat est bien, le héros est nase, sa meuf transparente, l'ex-chef est une grosse caricature, le critique est pas mal, le sous-chef est le seul perso secondaire à avoir un gimmick marrant, les autres sont inexistants, un peu comme les autres rats...alors que dans les autres Pixar, t'as l'impression que tu peux faire un spin-off sur chaque perso parlant du film). Après, ça reste très sympa et souvent marrant et inventif mais j'ai quand même par moments eu l'impression d'un "on s'est pas foulé". Et le discours sur la critique, bof.
Les Croods Dès le départ, on est pris par la réalisation au dynamisme qui rend fou sans jamais paraître gratuit et qui transforme la moindre scène de course en séquence épique (cf. le petit déjeuner). Le film enchaîne alors sur des moments où la mise en scène troque l'énergie pure pour la beauté, témoignant clairement de la présence derrière la caméra de l'auteur du bijou Dragons (la volonté de "toucher" le soleil ou bien évidemment ce gros plan de la main qui s'éloigne du rocher, faisant écho au plan de la main qui s'approche du dragon). On retrouve ici la même formule, dans les thèmes (la relation du père - retranché dans ses idées préconçues, nées de la peur - avec l'enfant, la présence d'un personnage inventeur), le look des bestioles (l'espèce de lynx géant au début a la même gueule que Toothless dans Dragons), la structure (l'introduction et la conclusion qui se répondent avec la voix off), la mise en scène (le dernier plan identique), etc. L'univers est vraiment plaisant, présentant une préhistoire fantasmée et sa faune imaginaire où chaque créature témoigne de créativité. Un monde qui donne naissance également à une avalanche de gags débiles qui font mouche et ne nuisent en rien à l'aspect que l'on n'attendait pas du tout dans ce film : l'émotion.
La reine des neiges 2 Troquant le conte de fée pour la fantasy, La Reine des neiges 2 perd un peu en charme et en surprise mais pas en émotion, osant aborder la notion de l'impermanence des choses. La Reine des neiges proposait une subversion des codes du genre qui arrivait comme une réponse à des années de films d'animation Disney. Si le second chapitre n'offre pas un tel détournement des stéréotypes et archétypes, il s'attaque tout de même frontalement à l'adage "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" en évoquant d'emblée la peur du changement qui hante chacun des personnages. Tour à tour, les numéros musicaux se font puissamment entraînant (Into the Unknown) ou carrément émouvant (Show Yourself) et même les plus amusants (When I Am Older) voire parodiques (Lost in the Woods qui rend hommage autant à Stephen Sondheim qu'aux ballades rock FM) ont du sens lié aux explorations thématiques du film.
La belle au bois dormant C'est autre chose que Blanche-Neige et Cendrillon... L'écriture fait beaucoup moins dans le remplissage, je n'ai jamais l'impression qu'il ne se passe rien et la structure est beaucoup plus efficace. Mais surtout, à l'écrit comme à l'écran, on se permet un conte de fées beaucoup plus sombre. Ils sont parvenus à incarner tout le film ou presque comme s'il était sous l'emprise de la sorcière. La scène où Aurore est hypnotisée est incroyable. On dirait un film d'horreur. Je comprends qu'on puisse être rebuté par la direction artistique si particulière du film. Face aux premiers plans, j'ai eu l'horrible impression de voir une laideur 2D à la Michel Ocelot type Azur & Asmar mais, très vite, la qualité picturale des arrières-plans et de la composition désormais réfléchie et splendide de l'improbable format 2.55:1 m'a séduit. Et puis les arbres carrés, les disparitions de Maléfique, le fuseau du rouet, la vision du prince vieux, la forêt de ronces, le dragon...
Vaiana : La Légende du bout du monde C'est très simple, j'ai été absolument enchanté de la première à la dernière minute. Pour leur premier film d'animation en images de synthèse, les célèbres John Musker et Ron Clements, duo chouchou du studio, signent en quelque sorte leur film-somme, où le recyclage d'archétypes et stéréotypes de jadis se fait toujours avec sens. En partant étudier le folklore polynésien, Musker & Clements, à l'origine du projet, proposent quelque chose de frais, un film de princesse mais pas un conte de fée. Vaiana est un vrai film d'aventures. Version plus arrogante du Génie, avec le même goût pour la métamorphose, et du demi-dieu Hercule, les tatouages remplaçant les peintures sur vase pour narrer ses exploits passés, Maui est un pur personnage muskeroclementsien avec le même cocktail de charisme et de sympathie qui caractérise l'acteur choisi pour le doubler, Dwayne Johnson. Que ce soit dans ses conversations avec sa conscience tatouée ou dans ses transformations, notamment lors du climax, il symbolise à lui seul toute l'inventivité, tant formelle que narrative, qui sert de signature aux cinéastes. Sa chanson, "You're Welcome", est sans aucun doute la plus entraînante et la plus riche d'un point de vue visuel, un concentré de bonne humeur signé Lin-Manuel Miranda. La "chanson de l'objectif" "How Far I'll Go" m'a transporté, celle des ancêtres "We Know the Way" m'a filé des frissons. Visuellement, c'est ce que Disney a fait de plus beau depuis Raiponce. Au niveau des textures, des couleurs, de la lumière, c'est tout simplement à tomber.
Le Prince d'Egypte Le meilleur film d'animation du monde. De tous les illustres textes vulgarisés par le cinéma d'animation US, je trouve que c'est celui qui s'en sort le mieux, que dis-je, haut la main, conservant toute la force dramaturgique du matériau et la décuplant par le biais d'une esthétique in-cro-yable qui redéfinit l'expression every frame is a painting (et des chansons puissantes comme le feu divin!), osant la noirceur (la mort des premiers-nés weeshhhhhh).
Pour le moment, je ne vote que pour
LE PRINCE D'EGYPTE
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