Harry, un technicien américain en mission en Colombie, s'apprête à rentrer aux Etats-Unis. Il est kidnappé, en même temps que l'ambassadeur, par un gang colombien qui réclame la libération de prisonniers politiques. Le gouvernement américain refuse de négocier et abandonne les otages à leur triste sort. Corey, le frère cadet de Harry, réunit un commando composé de quatre amis et d'un mercenaire, Norman.Alansmitheesé par Rosenberg, à qui l'on doit notamment
Cool Hand Luke,
Let's Get Harry donne tout dès son titre en mode zéro fioritures. Séquence d'ouverture en Colombie, avec la prise d'otage sur un barrage : plans gratos en hélico, bonne flûte de pan menaçante, sbires qui gesticulent sous les raffales, le fameux Harry (Mark Harmon et son phénotype à la Tom Cruise en plus mûr bien troublant) qui se défend à coups de clef à molette histoire de bien montrer que c'est un
working class hero, dérapage de fourgonette dans la poussière qui sature l'image...
On enchaîne avec le bercail : plans larges de l'intérieur de l'usine d'où vient Harry puis plans serrés sur les machines et leurs travailleurs, avec le synthé qui fait très "Born In The U.S.A.", virée en bagnole dans ce
no man's land industriel paumé qui a empiété sur les vieilles fermes de famille, le père joué par Ben Johnson qui apprend la nouvelle à cette bande de potes à cols bleus qui aujourd'hui auraient plutôt droit à un drame sur l'épidémie d'opiacés.
Zéro perte de temps sur le non-agir de Washington, à moitié expédié par un montage sans dialogues face à un fonctionnaire puis un dernier coup de marteau pour faire comprendre que personne ne bougera pour un plombier et un ambassadeur qualifié de "
no name". Quelques scènes en extérieur qui montrent les rues et places de la capitale, vides sauf pour les deux potes gauche et inquiets et quelques silhouettes en impers qui se pressent d'un rendez-vous à un autre, dans la brume de l'indifférence d'état.
Les personnages principaux sont caractérisés comme il faut, simples, naïfs, impuissants, vaguement secoués par l'indignation du frère d'Harry qui les fait s'embarquer dans la recherche d'un mercenaire qui pourra les accompagner en Colombie et les aider à faire le travail auquel leur gouvernement se refuse. Mercenaire incarné par Robert Duvall, qui se pointe après la tenue d'un casting passé sur petites annonces (!!), et rejoue en quelque sorte le personnage de Kilgore dans
Apocalypse Now, plus humain, plus seul, plus hanté.
C'est cette promesse là qui m'a fait tenter le film : le mercenaire/ancien combattant qui se coltine une bande de de bleus pour s'enfonçer avec eux dans du n'importe quoi, c'est un de mes
kinks. Un autre de mes
kinks, c'est Gary Busey. Busey campe ici un péquenot nouveau riche, vendeur de bagnoles d'occasion, qui se greffe à l'aventure en deux minutes chrono (comme tout le reste de la mise en place). Il n'atteint pas les sommets de
Eye of The Tiger et son interrogatoire au bâton de dynamite dans le cul d'un mec sur un lit d'hôpital, mais il truccule quand même pas mal et ce dès sa première apparition dans un spot publicitaire pour son garage.
C'est une fois en Colombie que le film devient plus surprenant, n'épargnant aucune péripétie ni galère aux personnages, misant sur la
lose sèche et ordinaire plutôt que le déchaînement d'action, poussant ce délire jusqu'au bout, à tel point qu'on se surprend à souhaiter qu'ils rentrent enfin, qu'ils lâchent l'affaire... Bien que les scènes avec Harry dans le campement de ses ravisseurs fassent comprendre le contraire (scènes apparemment rajoutées par la suite, contre l'avis de Rosenberg qui s'est finalement désolidarisé du film... mention sépciale au méchant doucereux et ses monologues relativistes, qui a un air bizarre d'adolescent qui aurait vieilli trop vite).
Tout ça n'est pas suffisant pour éviter le final très attendu, très "formule" pour le genre, qui manque pour le coup de panache et de surprise, se contente de faire le job.
Bref, petite série B oubliée, entre fantasme d'empouvoirement du travailleur et formule à la limite du Cannon, qui vaut le coup d'oeil.