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MessagePosté: 06 Mai 2011, 20:56 
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Garçonne en VF.

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Cindy, dans le camion de son père, est aux premières loges de l'accident qui enverra celui-ci en prison : la destruction d'un bus scolaire. Grandissant en l'idéalisant, adoptant une attitude masculine très prononcée, souffrant de problèmes de discipline, la jeune fille à ses 15 ans voit enfin revenir son père au foyer...


J'avais déjà très moyennement apprécié Easy Rider, auquel je reconnais au moins un côté grisant. Plus rien de ça ici : on est au fin fond du cinéma platement réaliste et gratuitement glauque, arc-bouté sur sa peinture psychologique satisfaite et son personnage tellement rebelle. Dans ce monde en noir et blanc où toute personne rangée est un molasson vendu au système et où tout pauvre est un désastre ambulant (petite respiration que le trop rare psy qui échappe à ce partage impitoyable), la jeune fille est surtout une excuse utilitaire pour visiter un univers rock et libertaire pris par son bout le plus vaseux, quelque part entre la condamnation hésitante et la célébration de l'univers (gentiment) underground, drapé dans une guirlande d'enclumes référentielles.

Forcément, quand tout est ramené à un tel niveau fonctionnel, quand on enlève toute chance au personnage (papa boît, maman se drogue...), il n'y a plus que les scènes hystériques allant nulle part pour faire avancer le récit un peu n'importe comment. C'est la structure dite du "personnage saoul" : excuse magique pour amener la scène où on veut et dans tous les sens, de lui imprimer 36 détours stériles, de rendre n'importe quel acte cathartique ou signifiant d'un coup de baguette magique (la fin est une série de trucs complètement gratuits, un modèle du genre - ah c'est sûr, les allusions incestueuses ça donne tout de suite l'impression qu'on est sérieux, hein...). Et cette façon de racheter de temps à autre une enfance à son héroïne à coup de symbolisme déplorable (j'ai 15 ans mais je parle à mon nounours et je suce mon pouce ; pitié) confirme pour moi toute la dimension cynique d'un réal qui sait juste pas où il va du tout, et qui fait les fonds de tiroir pour meubler, dans un trip forcément pessimiste et cloisonné qui évite surtout de se poser la moindre question.

Alors certes, même réflexion que pour Easy Rider, Hopper est très loin d'être un manchot : de temps à autres comme ça il vole une scène motivante, un plan très beau (la traversée des bagarres de rues, la marche à travers la fanfare, le décor de la décharge aux oiseaux, quelques jolis plans s'attardant sur le visage de l'actrice, des petites pépites de montage...). Ça suffit cependant pas à faire un film, celui-ci confirmant plus que tout autre que l'esprit contestataire, des années 60 qui le voient fleurir aux années 80 qui chantent sa mort, aura surtout été pour le cinéma l'excuse rêvée pour dégueuler platement sa contre-culture sans se fouler le moins du monde.


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MessagePosté: 07 Mai 2011, 08:01 
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Schtroumpf sodomite
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Tom a écrit:
l'esprit contestataire, des années 60 qui le voient fleurir aux années 80 qui chantent sa mort, aura surtout été pour le cinéma l'excuse rêvée pour dégueuler platement sa contre-culture sans se fouler le moins du monde.


Je suis grave d'accord.

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MessagePosté: 14 Déc 2021, 15:25 
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Inscription: 13 Sep 2021, 16:55
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Ah, ben moi, je ne suis pas du tout d’accord.

Alors oui, on peut être dérangé par le film et surtout trouver tout ça un peu « too much », un peu forcé dans le genre glauque et défoncé.

Sauf que (au-delà des plans et scènes magnifiques évoqués plus haut), on sent chez Hopper une urgence, une sincérité, une radicalité qui, à la fin, emporte le morceau.

C’est typiquement ce genre de film où, pendant la projection, tu ressens une sorte de gêne devant certaines outrances (y compris des acteurs) et où, à la fin, tu te dis « ah ouais, putain, quand même ! ». Et notamment parce qu’il n’y a pas de complaisance, pas de posture, Hopper est vraiment un type complètement barré qui envoie son mal être et sa défonce à la gueule du spectateur.

Bref, grand film


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MessagePosté: 16 Mar 2023, 13:14 
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Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5913
Film torché, erratique, ce dont Hopper s'était fait une spécialité, sur une adolescence particulièrement meurtrie. Le style sans apprêts, mâle léché (jeu de mots), grunge avant la lettre, correspond parfaitement au matériau, inspiré du mouvement punk et de la chanson de Neil Young "Hey, Hey, My, My" dont Kurt Cobain donnera une reprise particulièrement dramatique. On voit sans mal la filiation avec Harmony Korine, qui fera jouer Linda Manz dans Gummo. J'apprécie le manque de rigueur de la réalisation, mais le rythme du film en prend un coup, faisant ressortir la banalité sordide, et un peu racoleuse, du sujet. De ce point de vue, on est peut-être pas loin du Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… qui sortira un an plus tard ou d'une version trash du Ordinary People de Redford, sorti... la même année*, mais chez le lumproletariat canadien, avec du Neil Young donc à la place de Pachebel (je crois que je préfère le film de Redford). Tous films qui sont dans la veine des Afterschool Special, à visée éducative et édifiantes, parfois via des "horror stories" diffusés à l'époque à la télé américaine. Le film de Hopper reste beau et émouvant par la façon dont il épouse le point de vue de son héroïne, son mal-être adolescent - il joue notamment d'une fort belle façon des changements de look de son héroïne garçon manquée - mais pas que, avec une sincérité qu'on peut trouver un peu conne mais qui a le mérite de sonner vraie.

*Voici d'ailleurs ce qu'écrit Jonathan Rosenbaum, fan du film, je me rends compte, "When it was released, a friend wittily and succinctly described Out of the Blue as “Dennis Hopper’s Ordinary People.”


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